300 km en tandem - brevet CCK

300 km en tandem - brevet CCK

Au départ, on devait faire le 200 en tandem, un petit step up par rapport à nos Lémans habituels, avec le double de D+ pour la même distance. Le D+ en tandem c’est le truc qui tue. La distance ça passe, le D+ ça tue.

Mais le Covid en a voulu autrement, je l’ai chopé (en faisant je sais pas quoi à la Saint-Patrick 🙄) et refilé à Murielle , 1 semaine avant le brevet on était tout les 2 ko, on a annulé.

Ce 300 on devait le faire en solo, moi sur le gros parcours (au cck pour une distance il y a 2 parcours avec plus ou moins de d+, le dénivelé) et Murielle sur le mini. Murielle étant tellement dépitée de ne pas avoir fait le 200 et ravagée par le covid que le 300 solo pour elle c’était pas envisageable( dis donc, je vends du rêve 😅) , alors je lui ai proposé qu’on fasse le 300 ensemble. Heureuse ma femme, on va faire 300km de tandem (300km à admirer les fesses du grand Thomas Vérin, qui n‘en rêve pas?!)

La préparation a donc été compliquée avec ce covid, j’étais très très bien juste avant, avec un Leman XL rondement mené, mais 3 semaines plus tard, les compteurs ont quasiment étés  remis à zéro niveau prépa, les stats de puissances sont revenues au niveau d’avant les 3 mois de prépa hivernale. Les boules. Et pour Murielle c’est la grosse interrogation, La Saintelyon de décembre l’avait pliée et elle a eu du mal à s’y remettre.(euh…c‘est la Sainte Murielle ou quoi? 😂)

Elle a suivi un petit plan de remise en forme que je lui ai concocté (basé principalement sur des séances de fractionné à haute intensité) (Dans la douleur…), et on fera avec la forme du jour.

Bon les dernières semaines avant le brevet se passent plutôt bien. Les entraînements de Murielle ont gagné en qualité et moi j’ai fait un brevet tout plat solo de 300 qui s’est bien passé.

J’ai juste un peu peur que niveau endurance elle soit juste. On part pour je pense 13h de vélo plus les pauses, donc facile 15h sur la route. Je la vois bien tenir 7-8h mais après ça risque d’être dur. (C’est mal connaître la bête et sa tronche de cochon!) Le plan: gestion gestion gestion. Gérer l’effort, gérer la nutrition, gérer l’hydratation. (Traduction: m‘engueuler si il sent que je pedale trop fort, me gaver de Fajitas et surveiller ce que je bois…)

On part donc avec notre fidèle destrier que j’ai bichonné pour l’occasion. La veille du brevet, une fois sur place, je vérifie le tandem, regonfle les pneus et (soudain…c’est le drame) pan, une chambre à air éclate. Pour l’occasion j’ai changé les pneus et monté des chambres latex, pour un meilleur rendement et confort, le souci c’est que les chambres latex sont plus fragiles au montage et j’ai dû pincer.

Bref je change de chambre et on file rapidement au Décathlon racheter une de rechange.

Quand on part pour 300km on veut pouvoir tout réparer et repartir pour finir, trop galère de se faire rapatrier avec le tandem, il faut donc être préparé pour tout.

On est équipés de 3 sacoches qui nous servent principalement de garde/manger. On part avec 15 fajitas, 10 snickers, des figues, des abricots et 5 fioles de gerostar.


Il est prévu 6° au départ puis ça se réchauffe jusqu’à 18° et soleil l'après-midi. On part donc en court avec double coupe vent et un mérinos long pour Murielle.

Au Décathlon la veille on s’est équipé des nouveaux coupe vents manches courtes Van ryzel avec poche qui sont extra. (Et on est assortis 😍)

Départ à 4h30 du matin, réveil 3h30, mais à 1h30 je suis réveillé et je dors plus. Je me lève à 3h pour aller dire bonjour aux bénévoles du club qui sont sur le pied de guerre pour accueillir les cyclos. Quelle équipe, supers sympas (et le ravito excellent).

Je retrouve Laurent B. qui arrive en vélo, l'échauffement c’est important. Puis les autres cyclos commencent à arriver. Je réveille Murielle et on s’habille tranquillement. Le tandem est prêt de la veille et on a juste à prendre le petit déjeuner dans le clubhouse du CCK avec les autres cyclos avant de prendre le départ.

On y retrouve Florian, Jean-Luc et Christine, les compatriotes Suisses. (Qui sont, cela va donc sans dire incroyablement sympas 🇨🇭 )


Briefing, on est très attentif

4h30 tout le monde sur la ligne de départ, on est tout devant, Bridou donne le go, on clipse et …

CRACK la chaîne de synchro entre les 2 pédaliers pète. ( je l‘ai vécu, mais t‘es tellement le roi du teasing, que j‘ai presque été surprise)

Et merde.

Tout le monde démarre et passe autour de nous. Obligé d’attendre que tout le monde soit parti pour pouvoir descendre du tandem et regarder l’étendue des dégâts.

Rapidement je vois que c’est le maillon d’attache rapide qui a lâché.

Ouf rien de grave. (Bah tu faisais pas une tête de pas grave… (forcément j’étais un peu stressé de t’emmener sur 300k avec un vélo qui pète au premier coup de pédale))

Ça nous est arrivé en février sur un léman. J’avais remplacé par un maillon 11v alors que la chaîne est une 10v (donc un peu plus large que le maillon) et après 140km celui là à laché.

Heureusement j’ai 3 maillons de rechange dont un 10v.

Je remonte la chaîne, re-synchronise les pédaliers et c’est parti, pour de bon ce coup là.

Bon dans mon idée on partait à l’avant, et on profitait de rouler avec le premier groupe pour s’économiser sur les 80 premiers km, tout en tapant la discute. Bon bah là on a perdu 10’ donc on est loin derrière les pelotons, j’averti Murielle que ça va être une longue journée en tête à tête (ou tête à cul vu nos positions sur le tandem). Bon j’imagine qu’on va rattraper des petits groupes sur le plat, mais 10’ ça va prendre du temps.

Mais à peine 5km plus loin on rattrape déjà 2 attardés, ils roulent vraiment tranquille. Puis en sortant d’un village, on voit au loin le peloton, la guirlande de lumières rouges clignotantes dans la nuit. C’est magique. Bon finalement on va rapidement les rattraper.

Et effectivement dans les 10km on a rattrapé le 2e groupe et on les double (sous leurs yeux ébahis), le premier groupe est à peine plus loin.

Et à 15km on se retrouve à l’avant du brevet.

Bah oui sur le tandem, sur le plat, moi posé sur les barres aero, on file facile entre 35 et 40kmh alors que le peloton lui roulait entre 25 et 30.

C’était trop cool de doubler tout le monde en faisant coucou en passant.

Alors finalement on essaye de se mettre dans le groupe, mais en fait on est soit à zero effort quand ça roule droit, soit en grosse relance dans les bosses et en sortie de virage. Donc non c’est pas possible, on va se cramer, il faut qu’on roule à notre rythme.

Donc on se met à l’avant du peloton et on prend notre rythme. Sur cette partie très roulante du début de brevet, il y a pas vraiment de bosse, et quand le tandem arrive lancé, on les avale sans effort.

Ce qui fait que rapidement on distance le peloton et on se retrouve devant avec un vélo couché.

De temps en temps le peloton revient vers nous, et quelques cyclos prennent l’aspi, l’un d’eux, Philippe monte à notre niveau pour se présenter et nous avoue que c’est grisant de filer à 38kmh sur le plat. Je n’avais aucune idée de notre vitesse car je n’affiche que la puissance et le cardio pour gérer le rythme.(alors que moi j‘ai la vitesse et je ferme régulièrement les yeux dans les descentes )

Un peu avant le premier contrôle, on lève le pied pour se laisser reprendre par le groupe histoire de ne pas le rater. C’est la pause commune puis on repart.


On repart et on reprend notre place à l’avant, ce coup-ci précédé par le vélo couché, il va vraiment vite sur cette monture qui impressionne Murielle par la précarité de son équilibre.(le truc impensable pour moi)

Arrive la forêt de Hart, on laisse le peloton revenir histoire d’être entourés de cyclistes, y a de gros risques de traversée d’animaux et comme on est pas hyper maniable, on préfère pas être ceux qui les effraye.

Le souci c’est que rouler avec le peloton ça nous refroidit, et dans cette forêt on est à peine au dessus du zero degré, et on commence à avoir bien mal aux mains.

Finalement on se re-positionne à l’avant pour redonner du rythme, on avait trop froid.

Sortis de la forêt sans encombre et la route commence à s’élever.

Je suis obligé de retenir la fougue de Murielle qui bien contente d’avoir rattrapé le premier groupe aimerait rester devant, les pédaliers étant synchronisé, je sens chacun de ses coups de pédales, et quand elle appuye plus fort que la normale, je le sens de suite. Je la préviens que la route est encore longue, et qu’on doit pédaler intelligemment, son coup de pédale se relache, et je lui demande de surveiller son cardio, on doit rester facile même dans les montées.

On dit au revoir au premier groupe, qui s’envole dans cette première bosse.

Par contre on voit que certains des cyclos du premier groupe on un peu surestimé leurs forces sur ces premiers 80kms et dès la fin de cette bosse on ratrape quelques attardés.

Le vélo couché et lui aussi un peu en difficulté dans les bosses, et on joue un peu au chat et à la souris avec lui.

Après 100km, on décide de faire la première pause technique, Murielle qui n’est pas habitué à rester aussi longtemps en selle prend bien soin de son séant et applique généreusement la crème à cul.

On voit alors passer le vélo couché et les décrochés du premier groupe. On les reprendra certainement un peu plus loin.

On se remet en selle, il faut maintenant enchaîner 3 petites bosses, et sur le tandem c’est du boulot.

Notre rythme est bon, et on se fait plaisir, même quand ça grimpe


On croise et recroise un jeune cycliste isolé qui roule un peu moins vite que nous mais est plus constant. La tandem ralenti fortement dans les gros pourcentages, on descend jusqu’à 5kmh, pourtant pas de soucis d’équilibre, et merci la transmission en 36-40 qui nous permet de tout avaler en gardant une cadence correct même dans les pentes à 10%.

On passe d’ailleurs un patelin appelé “la malcôte” avec un bon 9% soutenu sur plusieurs centaines de mètres, et ça pique un peu.

Enfin voilà le sommet de Saint Ursanne et 146km, pas loin de la moitié de la balade en 5h20, c’est très très bien, et on est encore en pleine forme, on a fait un tiers du dénivelé donc on sait que la 2e partie sera un peu plus longue.

Mais maintenant c’est une belle descente qui nous attend puis 30km de faux plat descendant le long du Doubs, jusqu’à Sainte Hypolite.

Ce passage est magnifique. Le tandem roule quasi tout seul et malgré quelques pauses, on rallie Saint Hypolite en moins d’une heure, un bon 35kmh de moyenne sur cette partie.

Et là surprise, qui est ce qu’on retrouve en terrasse sur la place du village, le premier groupe. On a bien la dalle nous aussi et on s'arrête manger un sandwich.

Le premier groupe repart quand le 2e groupe arrive, en gros 30min d’écart. Nous on fini notre sandwich et on repart 10’ après le 1er groupe. Sauf que 10km plus loin on se rend compte qu’en bavardant avec le 2e groupe, on est partis sans payer . Oups. On appelle la brasserie (l‘avantage du tandem c‘est que le mec ou la meuf derrière peut faire ses courses sur Amazon ou appeler le bistrot tout en pédalant ) et heureusement il reste des cyclos, dont un gentil bienfaiteur qui paye notre repas, on le remboursera à l’arrivée.

On a failli faire demi-tour (menteur 😂) , mais 20km de rabe on avait vraiment pas envie.

Peu de temps après, c’est reparti pour la 2e session de grimpette. La pause nous a fait du bien, et on est en pleine forme pour attaquer le gros morceau, 6km à 3% de moyenne, mais un monstrueux passage à 14% avec même un virage à 18%.

Lorsqu’on arrive au pied le GPS de Murielle lui affiche la bosse à venir avec un code couleur pour les différents gradients de pente, et là elle me dit:

Tom y a un soucis, sur cette montée y a une couleur qu’on a jamais vu… après le rouge y a du violet”

Ah oui, ça va piquer.

Et effectivement à mi-pente, y a une espèce de rampe de lancement qui s’élève devant nous, avec tout au bout un virage à droite qui a l’air bien bien méchant.

Je préviens Murielle que ça risque d’être compliqué là-haut et qu’on va peut être devoir pousser le tandem.

On part doucement, j'effleure les leviers de vitesse pour au fur et à mesure que la route s’élève nous mettre sur un ratio de plus en plus facile, jusqu’à ce qu’on soit tout à gauche, et là malheureusement on est pas encore “dans le raide” notre cadence ralenti, le cardio s’envole, Murielle qui a le tracé de la bosse sur son GPS m’indique les mètres restant, c’est pas tant, allez ca va passer en force. Le capteur de puissance s’affole, et pendant près de 5’ je vais pousser au delà de 350w, Murielle n’est pas en reste, je sens son coup de pédale qui m’aide, et on passe la bosse, ouf.

Malheureusement on est sur un plateau, la descente n’est pas pour tout de suite, on enchaîne des petits raidillons, mais les jambes répondent bien.

On a passé les 200kms, notre max en tandem et tout va bien. On a bien respecté notre plan de nutrition: au moins une demi fajitas toutes les heures et on n’a pour le moment subi aucune baisse de régime.

Par contre je sais que j’ai cramé une grosse allumette dans cette bosse, et il va falloir être taquet niveau sucre pour les prochaines, sous peine d’implosion.

Voilà enfin la descente, on souffle, et tout en bas, qui on retrouve? Le 1er groupe qui faisait une pause ravito. Ils repartent en même temps que nous. Mais tout de suite s’annonce l’avant dernière bosse.

Comme pour la première, on garde notre rythme,et on laisse filer. J’ai pris un gel au pied et j’ai bien la patate, je sens Murielle qui appuie, elle est encore en grande forme, le groupe qui a pris de l’avance ne s’éloigne plus de nous, et quelques cyclos commencent à perdre les roues. Doucement on augmente notre rythme et on reprend du terrain. On fini par rattraper Philippe, puis un puis deux puis la moitié du groupe. On est clairement plus en endurance avec Murielle, mais les bosses étant petites, et vu la forme à 225 km on se le permet.

En haut de la bosse les premiers attendent le reste du groupe, nous on file.

Ils nous rattrapent au pied de la dernière bosse, et on attaque tous ensemble, mais là on se laisse pas distancer, Murielle pousse dès le début de la bosse, 3km à 4%, on la passe sur la plaque. 2-3 cyclos étaient partis devant nous, mais on les rattrape, et c’est en premier qu’on arrive au sommet. Quel pied.

La fin de la bosse est un faux plat montant, on lève le pied et on se fait rejoindre par les 2 premiers du groupe. Arrivé à la descente, ils attendent le groupe, nous on file, et en regardant le reste du profil, on sait qu’on ne les reverra plus, il reste 50km de faux plat descendant.

On roule tranquille, en se ravitaillant mais la chaleur commence à se faire ressentir, les gourdes se vident beaucoup plus vite qu’au matin. On passe en recherche active d’un point d’eau, mais toutes les fontaines sont asséchées, et pas de cimetière sur notre route.(mais au moins en France, il y a des toilettes publiques partout…🙄 alors qu‘en Suisse, il y a juste des fontaines)

Après 20km comme ça, on décide de s’arrêter dans une ferme, malheureusement on a du mal à trouver quelqu’un, quand finalement le propriétaire se montre et accepte de remplir nos gourdes. Je refais le mélange de gerostar, j’ai tourné à ça pendant tout le parcours, Murielle elle ne boit que de l’eau claire. Le sucre malheureusement c’est pas son truc pendant l’effort.

On va vraiment bien sur cette fin de parcours, toujours pas de coup de mou. On se retrouve sur la piste cyclable du canal Rhône-Rhin et on file. Quand, tout à coup, on retombe sur le premier groupe !!???

Là on comprend pas, on était loin devant, et tout d’un coup ils sont devant nous. J’essaye de comprendre ou on a pu se tromper, si j’avais pas la bonne trace sur le gps, mais non.

Murielle est très fâchée (t’exagère 😅😂) . Ca lui plaisait bien l’idée de finir devant.

Et en fait je réalise que notre pause à la ferme a été assez longue, on est resté près de 10’ arrêtés, donc le groupe a largement eu le temps de nous dépasser et de prendre un peu d’avance.

Bon on se calme, tout va bien, on va finir dans le premier groupe et c’est déjà bien au-delà de nos attentes.

Mais en fait on roule toujours plus vite qu’eux, surtout sur cette fin de parcours assez plate. Rapidement certains cyclos n’arrivent pas à tenir les roues.

Au bout d’un moment il ne reste que Bridou et 2 autres, ils aimeraient bien rester dans notre sillage mais Pascal leur demande de nous lâcher la roue pour attendre les autres et finir ensemble. Nous on peut pas rouler au même rythme que des soloistes, comme expliqué tout au début, et donc on s’éloigne et c’est seul, enfin à 2 qu’on arrive après 12h20 d’effort pour 304km au club house du CCK, mais là surprise, on est pas les premiers. Et oui, le vélo couché qui nous a doublé lors de notre première pause est resté devant, il a fait très peu de pause et a fini 20min devant nous, chapeau.

Au final on aura donc réussi ce brevet de 300km, avec le sourire, sans aucun coup de moins bien, en 12h20 avec 1h30 de pause, et une moyenne roulée de 28 km/h.

On aura consommé 11 fajitas, 6 snickers, une bonne dizaine de figues et abricots secs, 2 sandwichs, 2 pepsi et 8 gourdes.(et on était toujours amoureux à la fin! )


Crédit photo: Jennifer Nguyen et Pascal Bride