BRM 600 CCK juin 2022

Le 600, un exercice sur lequel je me suis déjà cassé les dents en 2019. Pourtant au top de ma forme cycliste, j’avais joué de malchance avec une météo compliquée pour le premier et une erreur technique sur le second qui a entraîné une blessure.

Cette année je recommence, c’est une année de préparation pour PBP, mon objectif principal c’est ce 600, je veux me tester sur la distance, et sur 2 nuits. L'événement organisé par Pascal Bride est parfait pour ça, avec un départ à 22h le vendredi, il y aura forcément 2 nuits à rouler.

Je me suis bien préparé pour cette épreuve, une préparation hivernale sur le home trainer avec Baptiste et Yann, c’est toujours bon de partager les séances, même si on ne les fait pas ensemble, ça permet de se challenger et de se motiver. Bon prépa interrompu par un covid (Qui a fête la Saint-Patrick ☘️ dignement avec toi!) qui m’a bien fracassé et qui m’a fait perdre tous les gains des mois de janvier à mars :(

J’ai réussi à remettre en route, la base d’endurance était toujours là, mais grosse perte sur la puissance alors je reprends les bases, mais forcément c’est plus la même histoire, avec bcp plus de course à pied et les sorties longues à vélo qui débutent, je n’arrive pas à retrouver le niveau.

Pour préparer ce 600 je vais donc enchaîner les lémans de 200km puis brevet de 300km en solo et en tandem, et enfin un brevet de 400km avec tous des performances très rassurantes (surtout celle en tandem), je ne suis pas au top, mais ça va quand même pas mal.

C’est donc confiant que j’aborde ce 600.

Par contre je suis un peu juste niveau fraicheur. J’ai fait une course VTT et un triathlon les 2 semaines précédentes, bien que assez courtes, ces courses ont laissé des traces.

Mais bon il faut bien se faire plaisir.

Le parcours: 600km donc et 7600D+ un seul grand col pour monter au Chasseral et pleins de petites bosses dont des passages à 14%, tout un programme.



Départ de Crozet vendredi à 14h, on co-voiture avec Baptiste et on retrouvera Yann sur place, c’est vraiment cool d’y aller avec des copains.

On essaye de fermer l'œil pendant que Murielle nous conduit mais c’est compliqué (plus excité que quand on part à Europapark). Je pense que j’ai réussi à faire 20’ de sieste sur 3h30 de trajet.

On arrive assez tôt au CCK, les bénévoles sont déjà en train de préparer le repas, mais le club house (club ha-housse !) n’est pas officiellement ouvert.

On jette un oeil sur les machines des cyclos qui se préparent autour de nous, y a du beau matos!

J’installe la table de camping et je prépare les fajitas (on avait pas dit que tu devais pas utiliser les mots: Fajitas-Watt et caca pour la rédaction de ce CR? 🧐) , le petit rituel d’avant brevet ou course longue.

J’en ai l’eau à la bouche en préparant le lard, mais ce sera pour plus tard.
Ensuite c’est le moment de préparer le vélo en fixant les sacoches et en les remplissant, ouf je n’ai rien oublié, le paquetage est compact, rien ne bouge et y a même un peu de rabe de place dans la sacoche arrière.

J’emmène:

10 fajitas

25 gels (winforce/maurten)

5 fioles de sirop d’agave/citron (mais j’ai oublié le sel :( )

1 paquet de poudre maurten

1 sachet de figues/abricots secs

2 gourdes

1 maillot super light

1 merinos manche longue

1 coupe vent sans manche

1 coupe vent complet

3 mini lampes arrières decathlon

1 lampe avant lupine neo avec batterie 10Ah (autonomie 17h) et adaptateur usb pour recharger gps/telephone

des sous, carte d’identité et CB

1 buff

Stick Bodyglide cyclo (pour les petites fesses)

2 chambres à air aerothan ultra light

1 pompe

Matos réparation (clefs, demonte chaine, maillons de rechange et burette de cire à chaîne)

Sur moi:

Cuissard rapha core

Maillot rapha light

Manchons

Coupe vent épais decat van rysel

Bandeau contre la transpi

Gants de VTT long mais léger

Chaussette aero compressport

Et pour les fesses je pars avec une bonne couche de bodyglide cyclo

À 20h15 on participe au repas, et c’est bien cool de retrouver les gens avec qui on a roulé sur le 300 ainsi que les bridous.

Après le repas je prend un petit moment de calme pour essayer de faire baisser la pression et peut être réussir à dormir un peu.

Les nuits précédentes n’ont pas été extraordinaires, seulement 4h de sommeil jeudi et à peine 7h ce vendredi.

J’ai un niveau de stress assez élevé, je me suis levé vendredi matin avec la boule au ventre, heureusement la matinée de concentration pour le boulot m’a permis de me relâcher, mais c’est remonté très fort après ce repas et l’excitation du groupe.

Ce moment de calme me fait vraiment du bien.

Alors, Pascal l’organisateur annonce que les premiers devraient arriver vers 2h du mat. Étant donné qu’il a annoncé 2-3 costauds qui sur le papier sont plus forts que moi, et que mon plan de route m’amène dans les meilleures conditions plutôt vers 23h-minuit, ça m’étonne un peu.

J'entends que Sven, qui est le plus costaud, prévoit lui d’être rentré avant minuit. Ça me parait plus dans la réalité.

21h40 on participe au Briefing, Pascal insiste très fortement sur la sécurité, il y a eu un accident mortel sur la RAF plus tôt dans la semaine. Et je me le répète encore une fois, mon objectif principal, c’est de rentrer vivant.

On est côte à côte avec Yann et Baptiste et c’est en échangeant des blagues bien vaseuses (je confirme) qu’on essaye de faire baisser la tension.

On passe vraiment pour les cancres du peloton (si ils savaient 😅).

Allez on récupère les vélos et on se place sur la ligne de départ. Un dernier petit pipi pendant qu’on attend un des participants qui est à la bourre (tu fais le malin mais t’avais pas chargé le parcours sur ton GPS…) Puis à 22h10 on s’élance derrière la voiture de Pascal qui nous escorte pendant quelques kilomètres.

Yann et Baptiste restent en retrait, mais moi j’ai bien l’intention d’accrocher les roues des costauds. Je me place donc aux avants postes, il y a Michel, Sven et Dominique collés à l’arrière de la voiture.

Lorsque Pascal s’écarte, c'est Sven qui met en route, je me place dans sa roue, et ça part assez fort, je vois du 35 km/h s’afficher au compteur. Je passe sur mon affichage brevet ou je n’ai que la carte, ma puissance et mon cardio d’affiché. Peu importe la vitesse, si je suis dans les clous niveau effort, aucun souci. Et là les jambes sont bonnes, le cardio ronronne à 115bpm pour même pas 200w. Pour moi si on fait ça pendant 600km, pas de problèmes… on en reparle plus tard ;)

Immédiatement on perd le peloton, ils ne sont pas très loin, mais ça roule juste un cran en dessous. Les paysages et villages ressemblent beaucoup à ceux du 300, c’est vraiment sympa.

Au bout de 10’ dans la roue, je dépasse Sven, me présente et prend un relais. Et là je réalise un truc, en fait on a le vent de face. Je me retrouve à 300w pour maintenir l’allure, le cardio s’élève doucement. En passant les 140bpm, ce qui est ma limite sur ce genre d’épreuve, j’arrête mon relais, en passant à côté de Sven je l’informe que je ne pourrais pas tenir ce rythme et que mes relais vont faire baisser sa moyenne. Il me dit pas de soucis, j’ai l’habitude de rouler seul, tu peux rester derrière si tu y arrives.

Tiens c’est plutôt moi qui dit ce genre de trucs d’habitude…

En discutant avec Sven, j'apprends qu’il a déjà nombre de podium sur des courses d’ultra endurance cycliste de plus de 1000km.

Ok. Je lui dit que je pourrais lui tenir compagnie sur le plat, mais que quand ça va grimper je vais probablement décrocher, et je profite de ces premiers 90km de plat pour rouler fort à moindre frais.

Premier CP à 36km, petite pause pipi, Sven rafistole un truc sur son vélo et au moment où on repart, le peloton arrive. 2 gars font un arrêt éclair et sautent dans nos roues: Michel et Pierre Vincent.

La monture de Sven

On file bon train et tout d’un coup Yann déboule à toutes blindes, avec Romain dans sa roue. Il m’explique que ça fait 1h qu’ils sont en chasse patate, depuis le 1er CP et que enfin il a retrouvé le premier groupe.

CP2 70.7km On grimpe dans le village puis à la sortie il faut trouver une croix, je demande à Yann de mettre le plein phare car la nuit est sombre, pas de lune, et il y a un léger brouillard. Effectivement la lampe de Yann est surpuissante (complexe) et nous permet de trouver la croix. Petit arrêt rapide et on repart. Au redémarrage j’envoie un message sur le groupe pour donner mon avancement, et là je me retrouve dans le bas côté, heureusement j’arrive à redresser, ouf plus de peur que de mal. Va falloir faire attention.

On roule à 6 pendant un bout de temps, j’essaye de faire en sorte qu’on prenne des relais, mais bon quand Sven est devant, pas facile de lui faire lâcher la tête de groupe. Ça me met mal à l’aise de ne pas partager le boulot, surtout si on est 6 à sucer la roue. On pourrait au moins faire des relais de 2’ quand lui en fait 15.

D’ailleurs sur un de ces relais, Pierre Vincent décide que s’en est trop, Il lève le pied et se laisse décrocher. Nous sommes donc 5 à attaquer les premières pentes vers le 90e km.

C’est là que je pensais me faire décrocher par Sven, mais même si le rythme est soutenu, pour un 600, je reste dans une zone d’effort soutenable sur pas mal de temps. En gros l’effort que je maintenais sur mon everesting: 230w avec un cardio autour de 140bpm.

CP3 115km Rien à déclarer, on roule, on grimpe, Yann fait le malin au début des bosses puis se calme, moi je roule toujours au même rythme, à l’économie. Le groupe est assez homogène. Même si je décroche un peu dans certaines montées, je reprend direct dans les descentes.

D’ailleurs mon vélo est très très rapide en descente, même sans relance je vais beaucoup plus vite que les autres. Serais-je si lourd?

On attaque les gorges du Pichoux, toujours à 5, mais la fatigue commence à se faire sentir. Romain demande une pause casse-croûte, j’en profite pour décapsuler la canette de redbull que j’ai dans la sacoche. Ouah ça fait du bien. Immédiatement je retrouve de l’énergie et une certaine clarté d’esprit.

4h du matin, le jour commence à se faire sentir, petit à petit la nuit lui laisse place.

Ça devient difficile pour Michel qui va décoller une première fois, reprendre dans la descente, puis laisser l’écart se creuser. Peu après c’est Romain qui va lâcher.

Il ne reste plus que Yann Sven et moi. On approche du Chasseral et on est un peu limite en eau. Je suis bien à l'affût, mais je ne trouve pas de fontaine, et il y a peu de village.

Dernière grosse ascension avant le Chasseral: le tramelan. Yann est souvent devant. C’est la grande forme.

On bascule puis voilà la descente sur Saint Imier. C’est grisant, je laisse filer le vélo et prends quelques hectomètres d’avance sur mes compagnons.

Je profite de mon avance pour faire une petite pause pipi. D’ailleurs je commence à avoir une autre envie, celle du matin, j’ai sur moi du papier, mais il va falloir négocier avec le groupe pour une pause un peu plus longue. Mais rien de pressant, occupons nous de grimper le Chasseral.

Yann et Sven me dépassent et entament directement l'ascension.

Je me lance à leur poursuite, cette petite pause m’a fait le plus grand bien. Je les rattrape facilement et enchaine. Les jambes sont vraiment bonnes et le cardio ne s’affole pas malgré les 245w et 8h de vélo.

Je lâche Yann puis Sven.

Je regarde sur ma montre ce qui m’attend, ah ok encore 10km à 7% (merci ma chérie pour la montre) bien pratique la fonction climb pro de garmin, beaucoup plus utile que la vue climb sur le wahoo.

Bref y a du taff, à 700m/h y en a pour … ah ouais 1h.

Bon on va voir ce que ça donne. Yann disparaît à l’arrière mais Sven lui revient inexorablement. Costaud le garçon. Et à mi pente je commence à faiblir un peu, j’avale un Gel, un des nouveaux, de chez Maurten, texture très étrange, mais ça passe très très bien. Et une fois rattrapé par Sven, on continue ensemble.

Le rythme est clairement plus facile, pourtant la pente est sévère par ici, 9, 10, même 11%

On ne s’énerve pas et tranquillement on arrive au col, mais l'ascension n’est pas terminée car le point de contre est au sommet, à la grande antenne du Chasseral.

On passe devant Jennyfer, la photographe, qui nous attend depuis plus d’une heure, désolé, on a été ralenti par Yann ;)

CP4 7h du matin, on admire la chaîne des Alpes et les 3 lacs, on prend quelques photos, on s’habille pour la descente et on redescend rejoindre Jennyfer pour manger un morceau. On croise Yann qui arrive tranquille, pour lui fini de jouer à l’avant, c’était bien sympa mais maintenant il va “profiter” comme il dit :)

Et on repart, Sven m’indique qu’on est à 22kmh roulé de moyenne depuis le départ, c'est correct vu les 4000m de d+ qu’on a grimper en 200 bornes. Et c’est parti pour la descente.

On va croiser Michel et Romain puis au fur et à mesure de la descente, Dominique, Jonas Norbert et tout à la fin Baptiste, je suis trop content de le voir là, il a tout juste 1h de retard sur nous, c’est plutôt bon signe.

Michel qui a dû faire une pause éclair nous a rejoint, et a un croisement, alors que Sven file dans la descente, Michel me crie que l’on se trompe de chemin. J’essaye de rattraper Sven pour lui dire de faire demi tour, mais on a bien descendu 500m, et il faut repartir en monté. Dur!

Michel a pris de l’avance, et on ne le voit plus. De plus, on s'arrête à une ferme faire le plein d’eau. Le fermier hallucine quand on lui dit qu’on a roulé toute la nuit, et qu’on a fait qu’un tiers de notre périple.

On reprend la route au profil descendant qui par endroit se transforme en chemin. Beaucoup de caillou, je suis bien content d’être en tubeless.

Au bout du chemin, on retrouve Michel sur le bas-côté, une chambre à air entre les mains. Le pauvre à crevé. Il nous indique que tout va bien et prend son temps pour réparer.

On file.

Et là, c’est parti pour une longue partie de manivelle à 2. Car on ne recroisera pas de participants avant un long moment.

Km 241, Arrêt en Suisse dans une boulangerie, il est temps de commencer à se ravitailler en route, sinon la réserve sur le vélo ne suffira pas. Comme il y a une 2e nuit au programme, j’aimerai garder de la nourriture en réserve.

Je m’achète donc 2 sandwichs, et comme je commence à fatiguer à nouveau, je reprends un red bull.

Sven a oublié son argent, je lui paye donc un sandwich, hehe il va être obligé de rester avec moi toute la journée si il veut se ravitailler :D

Bon ce 2eme red bull me fait réaliser que ce n’est pas une bonne solution aux problèmes de soleil. Sven lui prend des petites capsules de caféine. Ça doit moins tordre le bide. J’aurai peut-être dû prendre quelques gels caféinés. Live and learn.

Et c’est reparti direction les gorges de la Brévine.

C’est vraiment magnifique. Je prendrai bien une photo, mais la route est jonchée de pierre, donc je me retiens, Sven lui s’en donne à coeur joie.

En finissant la descente je dis à Sven que je mangerai bien un truc solide et salé, Sven me dit oh oui mangeons une pizza … Il fait un bon 30° déjà et avec tous les efforts je pense pas que ce soit la meilleure idée du monde, mais bon c’est pas moi le pro de l’ultra. Manque de bol pour Sven on ne trouve pas de pizzeria, juste une petite épicerie où on trouvera de quoi fabriquer des sandwichs.

On se pose en terrasse, puis on repart après avoir fait le plein des gourdes.

CP5 288km Difficile de trouver de l’eau, les fontaines des villages sont commissionnées, on demande à un habitant de nous indiquer une fontaine et il nous dit que c’est pas sérieux d’être parti sans eau. On lui explique qu’on est parti avec de l’eau et qu’on a déjà ravitaillé 3-4 fois, ça l’intrigue, il nous demande d’où on est parti et on lui explique le périple, il n’en revient pas. Il nous offre une bouteille d’eau, j’essaye de lui dire que juste l’eau du robinet ça ira bien mais il insiste, bon ok on prend sa bouteille qu'on verse dans les gourdes. C’est gentil, mais c’est du gâchis. Bref.

Et c’est reparti. Il fait vraiment chaud, on s’arrête à nouveau remplir les gourdes et Sven émet l’idée de manger une glace, banco, on se pose en terrasse d’un café et on se commande 2 boules sorbets. C’est bien rafraichissant.

Allez on repart, faut qu’on arrête les pauses sinon on ne va jamais rentrer.

On est maintenant sur la partie la plus à l’ouest de notre parcours. On a pas mal de vent de face. On s’impatiente d’enfin remonter au nord puis retour à l’est pour l’avoir dans le dos.

C’est ici qu’on rattrape un cyclo, Norbert, qui a dû nous doubler pendant nos nombreuses pauses (déjà 2h de pause en 300km). On discute un peu puis je repasse devant, mais il ne prend pas la roue il reste à son rythme

On attaque ensuite la remontée vers le nord, une piste cyclable bosselée on l’on doit enchaîner les relances pour effacer les bosses. Sven peine. Je réalise que je suis à la ramasse sur les efforts longs avec toujours 20w de moins que d’habitude mais par contre j’arrive à effacer les bosses facilement avec des pointes courtes à 400w.

Vient ensuite le virage à droite, et on file à l’est, vent dans le dos. Grosse accélération de Sven pour arriver à Besançon, ça commence à me tirer dans le mollet droit, juste sous le genou, là où le muscle est attaché. Je me rends compte qu’en levant le talon la douleur s’estompe, il va falloir pédaler malin pour finir ce 600, et pas devoir abandonner sur blessure comme à Manosque en 2019.

On arrive à Besançon, Pascal nous fait traverser la ville par la rue piétonne, oh lala mais à cette heure là (17h) c’est le slalom, y a du monde de partout. On finit par arriver au pied de la citadelle, et là comme promis, ça grimpe fort. On est bloqué par le petit train, mais on est trop bête pour s’arrêter alors on monte tout doucement. On arrive enfin en haut, mais là on ne retrouve pas Jennyfer. On est arrivé trop tôt.

J’appelle Pascal pour vérifier qu’on est bien au bon endroit et il me confirme qu’il ne nous attendait pas avant 18h. Jennyfer est à l'hôtel. Tant pis pour les photos. On repart.

On est encore à sec niveau flotte, et une petite faim se fait à nouveau sentir. Avant de quitter la ville on s’arrête à un petit resto mexicain, histoire de faire le plein d’énergie avant d’attaquer les derniers 200km

Et on repart le ventre plein. A la sortie de Besançon on repasse Norbert, il est complètement cramé, par le soleil et la fatigue. On lui propose de rouler avec nous mais il décline, il finira comme il peut, à son rythme.

On est maintenant à 25kmh de moyenne roulé. Il reste 200km avec quand même encore 1600m de D+, pourtant sur le plan le profil à l’air assez plat. Bon c’est l’équivalent d’un gros léman, en 8h max ca devrait être bouclé, surtout à 2 avec un bon rouleur comme Sven.

Et on repart. Je commence à prendre plus de relais, même si c’est toujours Sven qui fait le gros du travail. Quelle machine!

Beaucoup de piste cyclable maintenant, c’est long, je dois beaucoup me concentrer pour appuyer sur les pédales en ménageant mon mollet, on a baissé un tout petit peu le rythme. En gros on roule à 30 au lieu de 33, mais la moyenne continue de remonter!

Comme j’ai cette douleur au mollet, on se pose la question de prendre l’option facile qui évite le dernier col, mais je sais que je veux faire le parcours complet, je n’ai pas de baisse d’énergie, le mollet est gérable c’est dans la tête, donc non j’indique à Sven qu’on va faire la totale.

Et c’est parti pour le dernier col, je donne tout ce que j’ai. Comme souvent, je distance Sven dans les premiers hectomètres de la montée, mais il revient toujours le bougre.

Je suis assez content de moi, après 22h d’effort, j’arrive toujours à pousser les 230-240w cible dans les bosses. Bon là j’ai l’impression de faire une tentative de record sur la faucille, pour un pauvre 750m/h …

Et voilà le col et donc le dernier point de contrôle de ce parcours. Il nous reste un peu moins de 100km à rouler, et d’après Pascal c’est tout plat. Enfin tout plat sauf les 3 petites bosses qu’on voit se pointer sur le profil du GPS.

Autour de nous, on commence à voir des gros nuages noirs et des éclairs, mais dans notre direction ça semble encore ok. D’après les prévisions, on devrait pouvoir rester devant la perturbation, donc on file.

Ah les petites bosses “plates” à 9%, pas long, 1-2km à chaque fois, mais ça commence à taper. Et les descentes ont été parsemées de pierres par les averses des jours précédents. Et l’une des descentes sera carrément un passage gravel de 500m. On prie pour que les pneus tiennent, mais jamais il nous passe par la tête de poser le pied à terre.

Dernière bosse, dernière descente, et maintenant la piste cyclable qu’on avait prise lors du 300. Mais là, il faut faire une petite pause. L’orage nous rattrape et la pluie commence à tomber.

On s’habille, et on tente de rouler sous la pluie, il ne fait pas froid, et on n'est pas en sucre. Mais bon ça tombe de plus en plus fort et il commence à faire nuit. Au bout de 20min c’est vraiment la tempête, on est sur la piste cyclable le long du Doubs et les branches commencent à tomber autour de nous.

Je me rappelle de mon objectif numéro 1: rentrer vivant.

Donc je commence à regarder autour de nous si on ne peut pas s'abriter, mais sur la piste cyclable, aucun refuge.

On finit par arriver à Montbéliard et j’indique à Sven que c’est le moment d’être intelligent et de faire une pause pour analyser la situation.

Rapidement on trouve un snack, on y rentre pour s'abriter. On dégouline grave, alors je demande au gérant si ça ne gêne pas qu’on se mette dans un coin pour attendre que l’orage passe.

Le gars super gentil nous dit oui, bon il va le regretter un peu parce qu'on lui détrempe ses chaises et une partie de sa salle.

On passe par les toilettes pour enlever les vêtements trempés et on remet les vêtements secs qu’on avait échangés 30min avant.

Petit point météo, ça va bien prendre 1h pour faire passer l’orage, on en profite donc pour commander à manger et patienter.

Je mets Murielle au courant de notre pause, on est plus qu’à 60km de l'arrivée mais on va attendre l'accalmie avant de repartir.

J’apprends que Baptiste est dans la même situation mais en amont de la route. Par contre pas de petit resto pour lui mais un préau tout froid, le pauvre.

1h40 plus tard on repart enfin, plus un nuage, plus de vent. YESSSS

Maintenant c’est que de la piste cyclable, Sven commence à fatiguer et on refait une micro pause pour qu’il ferme les yeux, j’en fait de même, alors que je n’en avais pas le besoin mais l’effet est bénéfique tout de même, et on repart, toujours sur cette piste cyclable qui nous paraît interminable. On a rejoint la fin du parcours du 300 et je reconnais les routes qu’on avait parcouru en tandem.

A 30km de la fin, on appelle Pascal pour lui indiquer qu’on va bientôt arriver, lui et Murielle nous attendent au club house du CCK.

Enfin on sort de la piste cyclable, toujours sur la route du 300 et on finit par rattraper la route de notre départ.

Sven est dans le dur, il veut dormir, les relance de rond point l’achève et, à 5km on refait une pause micro sieste. Moi je suis trop excité pour dormir, je vais enfin arriver au bout d’un 600, après les 2 tentatives échouées de 2019.

On repart, encore 2-3 ronds points, un feu rouge, la grande route, le virage à droite puis le virage à gauche dans la rue de l’Oranger, et là Murielle et Pascal nous attendent dans la rue.

Ca y est, c’est fait, 28h30 plus tard, nous voilà revenu au point de départ.

600km 7800m de dénivelé, et 23h pédalé. Bon on aura fait beaucoup de pause, mais entre chaleur et orage, il fallait bien ça.

Une fois posés les vélos, on a pu profiter du repas offert par Pascal, on a bien discuté 1h avant d’aller se coucher, Sven dans sa tente de toit et moi dans le Van avec Murielle. Une courte nuit de 3h puis je retourne au club house et j'apprends que les suivants sont arrivés 4h après nous, dont Baptiste qui dors sur un des lits de camp mis à disposition. Bah dis donc il aura bien roulé le copain qui s’est invité sur le 600 à la dernière minute, sans prépa spécifique à la longue distance. Y a pas, l'entraînement hivernal qu’on a mis en place il y a quelques années avec Yann et Baptiste nous permet de nous motiver à garder la forme l’hiver et à être prêt pour n’importe quel challenge une fois les beaux jours venus.

Je suis super content d’avoir pu partager la route avec Sven que Pascal nous avait annoncé comme un costaud. Effectivement, après avoir échangé avec lui, c’est plus qu’un costaud, c’est une légende ce Sven, avec de multiple podium sur des courses d’ultra distance. Merci Sven de m’avoir gardé dans ta roue.

Je suis un peu déçu par mes capacités, je pensais pouvoir être plus actif sur les portions plates, mais impossible de mettre des relais à la hauteur de ceux de Sven, il n’y a que dans les bosses ou j’arrivais à m’en sortir, ce qui m’a permis de ne pas me faire distancer et de pouvoir ensuite accrocher la roue sur les portions plates.

Une bonne gestion de l’alimentation m’a permis de n’avoir aucun coup de mou, et j’arrive à mettre les mêmes watts de la première à la dernière montée. J’ai en gros mangé toutes les 45min, j’aurai mangé 8 fajitas et 18 gels, 3 sandwichs, une glace, un burritos et un tacos, bu 2 red bull, 3 cocas et 5 fioles de gerostar (mélange maison sirop d’agave citron sel que je dilue dans mes gourdes).

Me voilà donc fin prêt pour Paris Brest Paris, sauf qu’après quelques temps de réflexion, j’ai decidé de ne pas faire PBP … seul, et donc c’est avec Murielle et ne tandem que l’an prochain nous nous lancerons dans l’aventure du 1200km. A bientôt.