Evergreen 228 - 2019

Evergreen 228 - 2019

Me péter les côtes à 6 semaines de la course, c’était pas la meilleure façon de se préparer. Surtout après quasi 1 mois de coupure derrière Roth, mais bon j’ai fait comme j’ai pu, du home trainer en plein milieu de l’été, de la marche rapide en montagne, jusqu’à ce que la douleur soit supportable pour à nouveau rouler et courir.
Pour la natation ça a été beaucoup plus compliqué et je n’ai pu reprendre que 3 semaines avant la course.
Mais pendant la semaine d'affûtage, les chiffres s’alignent, la forme semble être au rendez-vous et les perfs sont pas si mauvaises, alors, ça va jouer?

Ne m’étant pas qualifié pour PBP, l’Evergreen devenait le gros objectif de cette fin d’été. Après une 6e place scratch en 2017 dans des conditions dantesques et un parcours càp écourté, je me voyais bien aller flirter avec le top20-top10, en essayant d’approcher des 18h. Mais voilà, la préparation ne s’est pas du tout passée comme prévu, c’est devenu très dur de fixer des objectifs, alors bon finir ça serait déjà bien, faire sub20 ce serait mieux, et si j’approche des objectifs initiaux ce serait le top. Donc pas trop de pression quoi.

J’essaye de préparer mes affaires mercredi, mais seul avec les enfants c’est compliqué, et je me retrouve avec encore plein de choses à faire jeudi soir, vendredi matin et vendredi midi.
Heureusement le van est maintenant aménagé (merci Murielle) et les caisses de camping sont prêtes.
J’ai préparé un gatosport et des petits pains maison pour faire des sandwichs pour la partie trail. Je sais qu’après ~10h d’effort, les gels et autres sucreries ça passe pas, alors je vais tester ça, en backup j’ai toujours mes fidèles fajitas.

Vendredi 13h, je récupère Julien qui fait le 118 et on part pour Montriond. On y retrouve toute la troupe du pays de Gex: Denis est sur le 228 aussi, mais Nico, Massimo, Adrien et Sylvain sont sur le 118.
C’est vraiment cool d’être aussi nombreux sur une course.

Bon j’aime vraiment beaucoup cette course, mais l’orga c’est quand-même pas ça, je ne vais pas transformer ce CR en une longue tirade sur les défauts de l’orga et me concentrer sur ma course qui dans l’ensemble n’en a pas souffert.

Donc on récupère nos dossards, les sacs de transitions et on retourne au camion avec Julien préparer nos vélos et nos sacs.

Bon j’arrive pas à me concentrer, je commence un truc et j’en fais un autre, bref ça avance pas. Je décide d’aller poser mon vélo.
Puis je me remets à faire mes sacs de transition, et je me rend compte que j’ai pas de sacs pour les ravitos persos. Heureusement Massimo et Nico en ont en rabe et me les prêtent. Bordel je suis passé à côté de ça..,et de quoi d’autre?
Bon les copains repartent à leur hôtel, et j’arrive enfin à finir mes sacs. Je vais tout déposer dans les zones de transfert puis attrape ma vieille combi pour aller tester l’eau du lac.
Ah oui c’était le gros buzz ces derniers jours, eau annoncée à 13° à 2j de la course, le matin c’était remonté à 14.5° et là je suis allé tester et la montre affiche 17°, en combi c’était parfait.
Ce lac est vraiment magnifique.

Et je suis content car ma vitesse de croisière en combi n’a pas trop baissé, c’est prometteur pour le lendemain.

Une fois que les parkings se vident, je déplace le Van pour passer la nuit, puis retrouve les copains pour le picnic du soir.

On refait nos plans pour le départ et je décide de partir en court avec juste le coupe-vent. Vu la belle journée prévue , ça suffira.

Murielle arrive avec Claire à 21h, après un transfert long et compliqué depuis Fribourg, Merci Claire d’avoir emmené mon équipe de support.

J’arrive à m’endormir vers 22h30 et me réveille à 2h40, c’est compliqué pour finir la nuit mais je dois re-dormir 1h avant le réveil à 5h du mat.

Le popo pré-course se passe bien, c’est serein que je peux prendre le petit déj. Enfin à moitié serein, j’ai oublié le gatosport à la maison, heureusement j’ai prévu de quoi faire le petit déj d’après course donc ça ira. Mais en sortant les couverts, Murielle retrouve le gatosport qui était dans une autre caisse. Oh lala mais qu’est ce que j’ai fait en préparant tout ça?
Bref petit déj standard d’avant course: thé et gatosport.

On part poser les affaires sur le vélo et le sac de transition swim-bike, et là je me rend compte qu’il manque les fajitas dans mon maillot de vélo … quoi? Mais elles sont où?
Plus de fajitas dans la glacière, elles ont disparu. Merde j’ai plus de bouffe pour la première moitié du parcours vélo. Bon, plan de secours: j’attrape 8 gels et je les colle dans mes poches, ça fera le job. On récupère la puce GPS et je la pose dans mon casque, juste à la glisser dans ma poche au départ.

Murielle sent que je stresse et essaye de me calmer, en fait ça va, c’est juste la pression standard avant une course, je me rend compte que j’ai pas mal merdé dans ma logistique, mais en gros ça va, et j’avais des plans de secours qui me sauvent un peu la vie.

On retourne au camion, j’enfile ma combi et direction le lac pour l’échauffement, Denis fait le malin en mettant le premier les pieds dans l’eau, mais ce frileux ne va pas se mouiller avant le départ. Moi je me met à l’eau, ça saisit mais c’est pas si froid. Je fais mon échauffement habituel, quelques sprints, je me sens bien, aucun malaise rien, bon bah je suis prêt quoi.

On s’aligne, je repère Arnaud, vainqueur 2017, qui était sorti de l’eau et me dit qu’il va avoir repéré les nageurs rapides, moi je veux prendre les pieds qui vont vite, et quand je tiens plus, je me laisse reprendre puis attrape d’autres pieds…

6h53, départ de la course:

Comme prévu je suis dans le groupe qui part fort. Très fort, ok je laisse filer direct, j’attrape le groupe suivant et c’est plus mon rythme du jour. Tout de suite sur ma gauche je retrouve Yann avec sa combi noir et jaune. Comme prévu, avec ma petite baisse de régime je me retrouve à nager avec lui.
Bon ça défile, je tourne à 1’35 de moyenne sur le premier km, c’était 1’32 à Roth, ca va. Au virage je vois le groupe de tête qui a déjà pris 100m d’avance, bon sang ça va vite.
Y a pas mal de monde devant moi, je dois être dans les 20, je vois un groupe devant et je fais l’effort pour revenir. Ça défile, tranquille, le jour se lève, c’est vraiment magnifique ici.
Fin du premier tour, et c’est reparti, je prends la tête de mon groupe et vois 2 nageurs isolés devant, allez, je vais les chercher. Je retrouve la première féminine, mais après l’effort pour la reprendre, je reste dans les pieds. Et en fait je vais faire toute la 2e boucle dans ses pieds, c’est elle qui va tirer le 2e groupe jusqu’à la plage.
Sur le retour je commence à ressentir une gêne dans le coude gauche, j’ai déjà connu ça et ça m’avait grandement handicapé pour finir la Gravity Race avec Massimo, donc j’allège mon mouvement à gauche pour ne pas aggraver le problème.

Cette année le parcours est un peu court, moins de 3800m, ça change des 4500 qu’on avait eu y a 3 ans …


(Lucie la première féminine et moi en mode tortue dans l'eau derrière elle)

Je sors en 1h01 de l’eau, 10e position, Murielle est extatique, forcément j’avais annoncé 1h10. Bon c’est plutôt bien parti cette histoire. J’attrape mon sac de transition, je file à la tente. J’ai le temps de vider le sac et d’enlever ma combi avant que Yann arrive, belle natation pour lui aussi.
Je m’habille, et prends rapidement la décision de partir sans coupe-vent, il fait déjà bon, pas besoin de m'embarrasser avec, alors qu’il ne va me servir que 5’ dans la journée. Comme quoi ça valait bien le coup d’en parler pendant des heures au pause et pendant les repas au boulot ;)



Je cours jusqu’à mon vélo, l’emmène jusqu’à la route, et c’est parti. Lucie la première féminine est 500m devant. Je double un gars dans la descente, et reprend Lucie sur le plat, puis c’est parti pour le col de Joux Plane. 11km à 7% de moyenne et quelques passages à 10%.
Les jambes tournent nickel, je vérifie le compteur, 260w pour 147 au cardio, c’est excellent, mais je sais que ça va pas tenir la journée comme ça, donc je me force à baisser l’intensité pour faire 250w de moyenne, mon objectif de la journée c’est 240w dans tous les cols, mais dans le premier c’est toujours difficile de faire aussi bas, surtout avec tout le monde qui commence à doubler.
Au final je me fais doubler 8 fois dont les 3 premiers du 118, Massimo est juste derrière, parti 45’ après nous, il aurait bien aimé me reprendre, mais nooonnnn :)
50’ pour ce col, 252w de moyenne, 148 au cardio et PR de 2’

Je pensais reprendre les gars qui m’ont doublé dans la descente, mais non, et comme je m’étais promis de ne prendre aucun risque, bah au final je repasse que 2 bonhommes. Je fais quand même une descente assez rapide et bien en sécurité, il va bien le look avec ses freins à disques, il est pas que beau ce vélo.
En monté il se fait complètement oublié, il n’y a qu’en danseuse où je ne suis pas super à l’aise, mais c’est un exercice que je ne travail pas beaucoup, il faudra y remédier.

Sur le plat qui nous amène à la prochaine bosse, j’ai l’impression de me trainer. Je tourne pourtant à 34 de moyenne, mais j’ai l’impression qu’au printemps j’aurais fait cette portion à 38-39 à moindre effort.

Au rond point je retrouve Murielle qui m’encourage et m’annonce 7e, trop cool, les gars qui m’ont doublé étaient principalement en relais, et toutes les places que j’ai gagné par ci par là, elles, ont compté.
Petite bosse d’arrache, 14’, 251w 146 au cardio, je suis dans les clous, encore un PR de 30s sur 2017.

Dans la descente j’arrive à trouver une portion de ligne droite pour soulager ma vessie, et je file vers Cluses. 36km/h sur le plat, c’est mieux mais c’est pas encore terrible. Je mets exactement le même temps qu’en 2017.

Je retrouve Murielle au pied du col de Romme, gros encouragements qui font chaud au coeur, et c’est parti pour 9kms à 9% de moyenne. Au passage je lui indique qu’avec le peu de cycliste devant moi, elle peut facilement monter le col et m’encourager jusqu’à Romme sans gêner la course. Ce fut bien sympa de la revoir à intervalle régulier dans cette montée.

Je me fais rattraper par Arnaud vainqueur 2017, je comprends pas trop ce qu’il fait derrière moi, il m’explique qu’il a dû s'arrêter pendant la natation, gros coup de pas bien. Je le laisse filer. Dans sa roue, 2 gars qui grimpent super fort, impressionnant. Arnaud reste quelques hectomètres devant moi, mais les 2 autres s’envolent. (L’un d’eux finira 2e de la course)


Je retrouve Murielle à mi-pente puis au sommet, c’est vraiment bon d’avoir du monde sur la route, il y a aussi la mère de Yann (il est juste derrière moi, mais je ne le verrais pas de la course), qui le suit et que je croise donc régulièrement.

Romme: 54’ 236w 151bpm PR de 2’

Bon la puissance a chuté et le cardio est à la limite de ce que je m’accorde sur cette course, mais il commence à faire chaud. Je me sens toujours bien, je suis dans le top10, tout va bien.
Rétrospectivement, j’aurai déjà bien ralentir ici, et ne pas chercher le PR, 225w aurait été plus judicieux une fois la chaleur installée.

Descente au Reposoir, puis attaque du col de la Colombière, 7km 9% avec un final à 11%
J’ai toujours Arnaud en visuel, l’écart se maintient. Je reste sur ce rythme de 230w qui avec cette chaleur me semble plus adéquat (erreur!). Murielle me dépasse et me dit que je suis en fait 11e, suffit de dépasser le mec bizarre devant et je serai 10e, lol facile, j’ai qu'à taper le vainqueur sortant pour passer dans le top10. (Bizarre parce qu'il a des lunettes de soleil oversized et un maillot de vélo hawaïen avec des flamants rose …)
Et finalement km après km, Arnaud craque, moi je garde mon rythme, mais je finis par le dépasser.


(qui c'est qui est devant???)

Bon, le gars a fait une saison de fou et encore 2 semaines avant il était sur un double ironman. Mais voilà, je passe!

J’arrive donc au col de la Colombière dans le top10, 42’, 50’’ de mieux qu’en 2017
233w, 155bpm il commence à faire vraiment chaud.

Sur la fin de la Colombière c’est le Murielle Festival! Elle a garé le camion un peu avant le col, lorsque je la croise, je lui dis de venir avec moi car je vais prendre quelques minutes au ravito. Et donc elle court en claquettes à côté de moi, sous les acclamations des touristes qui trainent au col :)

Au ravito je récupère mon sac perso, je refais le plein des gourdes avec ma boisson sport maison et bim! Arnaud me rentre dedans en arrivant au ravito et je renverse mes gourdes. Rahhh la merde, vais devoir faire la suite du parcours à l’eau claire . Heureusement dans mon sac je retrouve mes fajitas salés, avec du bon poulet au curry et du riz, ça devrait toper mes besoins en sel minéraux pour quelques heures.
Alors bon il parait que j’ai été infecte sur ce ravito, et j’en suis désolé, mais les 2 photographes et les spectateurs qui prenaient toute la place devant le ravito, ça m’a saoulé, renverser mes gourdes ça n’a rien arrangé, et donc j’ai pu avoir une attitude désagréable, et je prie les volontaires de ce ravito de bien vouloir m’en excuser. Surtout qu’ils n’y sont pour rien et ont fait du mieux pour m’aider. Merci à eux, en général je repars toujours d’un ravito en remerciant tout le monde, mais là ca n’a pas dû être le cas.

Arnaud est reparti devant, je fais la descente seul, personne en vue. Je mange tout ce que je peux de solide pendant cette descente, car les 8 gels des 4 premières heures c’était pas le pied.
Arrive maintenant le col de La Croix Fry, je rattrape rapidement un gars, puis j’aperçois Arnaud et un autre, à mi-pente l’autre gars s’arrête et s’allonge, dommage c’est un relais, je lui demande si ça va en passant, il dit oui, juste un coup de chaud, il va repartir.

Je reviens sur Arnaud doucement, mais mon cardio commence à passer les 160, la puissance elle, s’est effondrée à 215w; niveau ressenti, tout va bien, je sais que la chaleur m’impacte fortement, il faudrait que je ralentisse encore un peu pour pas m’entamer, mais voilà, je reviens sur Arnaud, le vainqueur 2017 quoi! Alors je continue sur le rythme, et au sommet je suis à 50m d’Arnaud.
Col de La Croix Fry 11km 7% 57min 220w 157bpm dont les dernières 20’ à 160bpm 2’ de mieux qu’en 2017.
Comme j’ai tout ce qu’il faut en bouffe, je décide de m’arrêter à la fontaine pour ravitailler et pas au ravito. Comme ça j’évite le bouchon, le débit de la fontaine est plus rapide et l’eau plus fraîche. Je repars et suis juste derrière Arnaud pour attaquer la descente. Je le passe dans un bout droit, et il me repasse juste après, hihi c’est la guerre! On attaque le col des Aravis ensemble.

Et là bim, ça passe plus, Arnaud me lâche, je suis scotché à 210w si je veux pas faire exploser le cardio :(
Fin du col des Aravis: 19’ 4km 6% 210w 154bpm la puissance de miséreux.
Bon c’est la merde, j’ai grillé trop de cartouches dans La Croix Fry, il faut que je passe en mode éco pour me refaire la pilule et attaquer le trail dans de bonnes conditions, je fais la descente sur Flumet à la cool, pas de relance, la bosse pour éviter Flumet c’est à nouveau 216w, mais 144 bpm, voilà qui est plus raisonnable.

Sur les faux plats entre Praz-sur-Arly et Megève, je me fais reprendre par un gars qui a des aérobarres, avec son vélo orange je le reconnais, il m’avait doublé dans joux plasne, je l’avais repris dans la descente, il m’a redoublé à Romme et je l’ai repris en haut du col de la Colombière. Bref on fait la course quoi.
Moi j’arrive pas à me poser sur mon guidon avec ces routes pourries. Je pousse péniblement 170w sur le plat (cible à 200w) pour 138 au cardio, donc oui, j’ai arrêté l’hémorragie, mais j’ai pas encore retrouvé la pêche.

Vient maintenant la descente bien rapide de Domancy puis c’est parti pour un peu de tricot dans Passy, car on a un changement de parcours, j’appelle rapido Murielle qui devait me retrouver à un endroit où finalement on ne passe pas, mais elle est déjà à Chamonix, donc je trace ma route, je rattrape Arnaud qui est scotché sur le plat, puis on monte au Servoz et là il me lâche, moi je suis scotché dans les bosses maintenant. J’en garde un max sous la pédale pour passer Vaudagne.
Montée de Vaudagne: 4km 7% 18’29 PR de 1s avec 214w pour 151 bpm, bon je suis pas mort hein, mais ça fait tellement pitié, sur le 400 en avril, dans le col de Bacchus je tapais encore 240w pendant 1h avec 300km dans les cannes...
Allez hop encore un petit pipi en vol pendant la descente vers les Houches, puis je me traîne jusqu’à Chamonix.

Je pose le vélo sous les acclamations de mes supportrices, il y a Murielle, ma mère et ses copines, il y a aussi les copains qui ont fini le 118, Massimo a l’air complètement stone, la course a dû bien se passer. J’apprend que Nico est encore dans la montagne et pas sur le bon chemin, à priori va falloir faire bien gaffe au balisage et au tracé. Heureusement j’ai le parcours sur mon téléphone, je pourrais vérifier mon chemin.

Ça réchauffe le coeur tous ces encouragements, mais une fois le pied à terre, c’est compliqué. Bon, j’arrive à courir, mais j’ai toute la chaîne musculaire postérieure complètement lessivée. Je récupère mon sac et entre dans la tente, changement intégral, j’attrape mon sac à dos, et c’est parti pour le trail de 42km et 2700 D+


Un bisous à Murielle, et je m’élance en courant … non en trottinant. Mais au bout de 1km c’est trop dur, je marche. Allez 100m et je repars, puis 300m plus loin je marche à nouveau, Allez 100m et je repars yes, 400m de plus et je remarche 100m. Et finalement voilà la montée qui commence.
Je sors mes bâtons et c’est parti … ouarf 300m/h, y a 1100m à grimper, ça va prendre … 4h, non mais allez Tom accélère, devant moi un groupe de touriste qui porte des enfants sur le dos, allez je dois les dépasser.
Youhou 500m/h, je les passe, et je garde le rythme, et là ça commence à être la fête, ça revient derrière, et y a du monde, perdu 5 places, dont la première féminine avant la moitié de la bosse.
J’ai vidé les ¾ de mon eau, ça va être compliqué.

Va falloir aller grimper de l'autre côté tout à l'heure ....

J’arrive à la buvette Mottet, c’est magnifique. J’y étais déjà passé l’hiver en ski de rando. La nana de la buvette me remplit les gourdes, j’ai pas de sous, mais j’aurais bien pris un coca en terrasse là.
Je repars, un peu plus de rythme, je dois tourner à 650m/h maintenant, ça revient doucement. Cette montée est magnifique, j’étais jamais passé par là et ça vaut vraiment le détour.
La montée aux bâtons réveille la douleur dans le coude du matin pendant la natation, mais là pas le choix, j’ai rien dans les cannes, donc je dois utiliser mes bras pour grimper.

Me voilà enfin au Montenvers, en 1h53 pfff et c’est pas fini faut aller au signal de Forbes.
Ravito rapide car j’ai rien envie de manger, et ça repart, cette partie je la connais bien, je monte tranquille toujours autour de 600m/h et me voilà en haut de la première bosse, en 2h26, soit quasi 1h plus lent que prévu. Forcément 550m/h de moyenne, c’est pas mal pour une promenade, mais pas terrible pour une course.


(C'est dur mais je garde le moral, c'est tellement beau ici)

J’ai appelé les copains qui sont en train de fêter leur finish au 118 et Nico m’annonce avoir fait 4h30 sur la boucle, avec à peu près le même temps au montenvers. Bon bah allez faut que ça le fasse. Sauf que j’arrive pas à relancer et sautiller sur les cailloux du balcon. Donc je marche, bon marche rapide hein, mais ça va moins vite qu’en courant. Par contre pas moyen de manger, j’ai essayé un de mes sandwichs, mais j’ai mâché la première bouchée pendant 10’ et j’ai peiné à avaler, par contre j’ai pu picorer dans le sandwich le comté et les morceaux de poulet, c’est déjà ça de pris.
3h30 de trail et me voilà au plan de l’Aiguille, j’arrive toujours pas à manger autre chose que des petits bouts de reblochon, j’enfile ma chevillère et j’attaque la descente. 1h15 de descente, c’est pas glorieux, mais j’ai réussi à trottiner tout le long et bien gérer mes appuis avec les bâtons pour pas me défoncer la cheville. J’ai un peu le moral dans les chaussettes, mais ça peut être pire, parce qu'on file pas au ravito, non on se tape la remontée le long de la piste de luge avant de redescendre vers Chamonix, les enfoirés!

J’arrive enfin à la fin de cette première boucle, à la tête de mes supportrices, on doit lire “abandon” dans mon regard, et oui, j’y pense, mais non, je ne vais pas le faire.



Je suis fatigué, il est 22h, j’ai envie de pioncer. Je me pose sur le banc, les bénévoles sont super sympas et essaye de rendre Murielle jalouse, c’est drôle, enfin pas pour elle.
Rien ne me fait envie de manger, quand un mec parle de chips et la tilt, YES je veux des chips, au top des chips mexicaines au chili, et avec du coca ça passe bien.
Ahhhh je fais le plein d’énergie comme ça, et au bout de 15’ je repars en marchant avec Murielle, puis je la laisse et je commence à courir, et là je cours pour de vrai, j’ai pas mal aux jambes, ca revient, 750m/h dans la première petite montée, là on cause.
Puis sur le balcon du bas, je déroule, ça cours, trop bien! J’arrive même à m’enfiler un gel avant la prochaine difficulté.
Et voilà le mur, un truc de malade, 1.5km plus de 30% de moyenne, avec des passages à 60%, jamais grimpé si raide. À nouveau 700m/h pour grimper, c’est bien, j’ai un gars qui me talonne, mais je lâche rien, marre de me faire doubler, je reprend d’ailleurs un gars qui m’avait doublé dans la descente du premier tour.
Bizarrement ça tire moins dans le coude que dans la montée du Montenvers, je le sens toujours, mais ça ne s’aggrave pas, tant mieux.
Arrive ensuite les pistes de ski, là c’est facile, faut juste donner du rythme. Et voilà le ravito. J’ai 20’ de retard sur ceux qui me précèdent, la 2e féminine, qui m’a passé pendant ma pause entre les 2 boucles.
Je repars quand mon poursuivant arrive, j’arrive à bien relancer et cours toutes les parties roulantes. Math math math, il reste 12km j’ai mis 2h pour arriver là, ça pourrait se jouer en 4h15 comme en 2017 mais dans l’autre sens.
Mais non, quand arrive la montée vers Plan Praz, je me reprends un coup de mou, ça revient derrière, j’arrive à garder la distance et arrive devant au ravito, je repars rapidement mais j’ai oublié de remettre ma chevillère pour la descente. Le gars me double, je repars pas loin derrière. Je décide de ranger les bâtons pour pouvoir descendre en mode rapide. J’ai les cannes et le jus, rapidement je reprends le gars, et je file, youhou c’est bon là.
Bon la descente est beaucoup plus dure que ce que j’avais imaginé, mais la cheville tient , et je garde le rythme. Et je tiens les 1h que j’avais annoncé à Murielle. Bon bien sûr, il y a un replat avec de la montée à 100m D+ de la fin, GRRRRR, mais dans la dernière partie de la descente, je reprends la 2e féminine, puis j’arrive enfin dans Chamonix, ça va j’arrive à courir sur le plat, je retrouve Murielle et YES c’est la ligne, le finish, c’est fait, je suis à nouveau finisher de l’Evergreen 228, en 20h15, 30min de gagnée sur l’édition complète de 2016.

Update : les résultats sont enfin dispo, je fais 16e scratch et 1er M40-44

Alors content? Oui, finir l’Evergreen c’est toujours un exploit en soi.
Vraiment content? Non, avec le potentiel que j’avais au printemps, c’est presque risible ce que j’ai fait sur le vélo. Me retrouver complètement sec dans la première montée du trail, ça fait chier, c’est pas comme ça que je voulais faire cette course.
Ok mais tu en retiens quoi? Que malgré tout j’ai eu le mental, bon j’avais cette fois-ci énormément de support entre Murielle, ma mère, les potes sur le 118, et quand c’était dur, j’ai pas baissé les bras. J’ai su lever le pied sur le vélo avant de me détruire complètement, j’ai su endurer sur la càp et attendre que ça revienne, même si ça a été long (5h) et surtout j’ai pu faire une belle 2e boucle, qui était un de mes objectifs et finir avec mes 2 chevilles en état. Ne pas finir en boitant, c’était vraiment important, reprendre du monde dans la dernière descente, après avoir bien géré la première descente avec les bâtons, j’en suis très fier.
Et il faut avouer, rouler dans le top10 de la course, c’était grisant.

Mais pourquoi cette chute des intensités sur le vélo une fois passé la Colombière ?
Pourquoi en mars je faisais 10h @230w normalisé et en avril 16h à 220w normalisé et là j’étais mort après 9h à 210w normalisé?

Pour rappel sur le 400 d’avril, je grimpais les cols à 270w avec les premiers à 290w et le dernier à 240w, là je visais 240 et j’ai pas tenu.
Bon au printemps l'entraînement était constant, avec des enchaînements de bloc de 3 semaines et des sorties longues de plus de 8h avec intensités tous les mois
Là, en 2 mois, juste 2 sorties de 5h sans intensité à plus de 80%

Après Roth 2 semaines de coupure complète, reprise difficile avec 15% de FTP perdu puis la chute au 1er août t ensuite de l'entraînement gros volume mais faible intensité seulement.

J’avais corrigé le plan de course pour prendre en compte cette baisse de FTP, mais j’aurais du être encore plus prudent, pourtant je n’arrivais pas à croire que j’allais faire un vélo moins bon qu’en 2017, alors oui je fais cette année un meilleur vélo mais à quel prix? En 2017 quand je suis parti sur la boucle de 10km c’était 800m/h et pas 550m/h.

Donc comment faire pour arriver taquet sur ce genre d’épreuve? En 2017, 3 semaines avant l’Evergreen, je faisais 9h30 sur le Grand Raid Verbier Grimentz VTT, donc du long avec de l’intensité en bosses. Ça ressemble à ce printemps 2019 avec les enchaînements 200-300-400 tous les mois.
Donc non pas besoin de sorties longues toutes les semaines, mais une sorties longues par mois avec du rythme pour entretenir l’endurance semble être un pré-requis pour une bonne performance sur du long.