Bikingman Corsica 2024

Bikingman Corsica 2024 ma première course d’ultra.

Au vu de mes capacités sur BRM, je savais que je pouvais aller jouer devant et faire la course. La seule grosse inconnue c’était cette deuxième nuit blanche qui est obligatoire pour la gagne. Eh oui plus de deux heures de pause et c’est fini, on peut tout juste se battre pour les places d’honneur.

Mon vélo, un vieux Canyon ultimate freins patin, pesait 11.7kg avant la course, sans eau ni nourriture. J’emporterai 2kg de gel. 500g de poudre et 500g de fajitas ainsi que 2 gourdes pleines pour un vélo à 16kg.

Départ à midi dans la dernière vague, il y a 200 coureurs devant à doubler en un peu moins de 1000km et 18000d+.

Malheureusement les sensations habituelles ne sont pas au rendez vous sur cette première demi-journée.

Et pourtant je double, beaucoup, c’est grisant. Je suis à l’avant de ma vague de départ jusqu’à ce qu’on atteigne les premières bosses, et là, les mauvaises sensations se confirment, déjà les autres reviennent et me passent, et je pousse péniblement les 230-240w prévus.

Après 3h de course je me sens mieux, mais les watts ne sont pas là, pour être facile c’est seulement 210w que je pousse, et donc au lieu de grimper à 750-800m/h je suis à 600-650m/h.

J’atteins le cp1 en 10e position, arrêt rapide et je repars 4e quand la nuit tombe. Avec la fraîcheur de la nuit les sensations sont meilleures et je reviens sur la tête.

Les routes Corse sont étonnantes, elles ne sont pas réservées aux gens qui se déplacent, c’est aussi une extension de la propriété, on s’y gare sur la voie, et on y laisse les troupeaux gambader gaiement.

Et la nuit, ça fait bizarre. Les cochons sont au milieu de la route et  se sauvent en hurlant quand j’arrive, les chèvres te défient du regard et ne bougent pas. Les vaches sont paisibles et la nuit elles dorment au bord de la route. C’est un peu flippant la première fois quand le phare du vélo brille dans les yeux d’une vache allongée juste au bord de la route pour profiter du bitume encore chaud.

Je passe en seconde position vers minuit. Grâce à la longue ascension du col de Vergio: 38km à 3%. Je suis dans les barres, face au vent et je pousse gentiment 190w, c’est suffisant pour rattraper une paire qui était repartie avant moi et creuser un peu l’écart sur les poursuivants. Le premier s’arrêtera dormir et je passe en tête jusqu’au petit matin. Là, le futur vainqueur, Rémi me reprend lors d’un arrêt eau, je le reprends rapidement pour discuter un peu mais il n’est pas très bavard à ce moment de la course. Il me lâche ensuite dans les bosses plus raides qui sont moins à mon avantage.

Je le retrouve au cp2 où je change mon cuissard, il repart quelques minutes avant moi. C’est là que la course se complique. Je charge mon vélo avec beaucoup d’eau (3l) de peur de manquer par cette chaude journée; route pourrie, rendement nul et fontaine en haut de la première bosse, je suis un peu déçu de m’être chargé autant.

100km très casse-pattes sur le pire revêtement que j’ai vu. Je fatigue. Les micro-siestes ne suffisent plus.

J’avais 2h d’avance sur mon plan de route et je les ai perdues en 100km.

Je ne pousse même plus 180w.

Mais je suis toujours 2e. Les potes sur WhatsApp m’indiquent que derrière ça rame aussi, je m’accroche.

Mais à 15h, je m’endors en montée la tête posée sur le guidon. Le 3e me réveille en passant.

Je décide qu’il faut faire une vraie pause. Je sais que la victoire m’a échappé, alors maintenant, zéro prise de risque. À Aullene je trouve un hôtel et je décide de faire une vraie pause. J’achète à manger et je me couche sans réveil. Réveil à 1h30 départ 2h, j’ai fait 9h45 de pause, abusé. Rétrospectivement, j’aurai du prendre la décision plus rapidement et pas tergiverser au téléphone, manger et me coucher rapidement, mettre un réveil pour max 3h de sommeil.

Mais voilà ce qui est fait est fait, et je me sens tellement bien maintenant à rouler dans la nuit fraîche. Je rattrape des gars qui sont au ralenti et tout d’un coup je croise un gars à contre sens, mais…pourquoi? Ah oui! On repasse ici après une longue boucle…ça veut dire que ces  gars là ont un paquet d’avance sur moi… 6h je pense mais aucune idée du classement.

Longue et belle descente de l’Ospedale.. le jour se pointe, c’est magnifique.

Ravitaillement en eau au camping au pied de la longue montée de Bavella, j’en profite pour enlever les vêtements chauds et me préparer à l’ascension. Il est 6h du matin, c’est reparti pour la grimpette. Je me sens tellement bien, c’est le pied. Je ne vois plus d’autres concurrents et j’attends avec impatience de savoir ma position en arrivant au cp3.

L’ascension se passe bien, 220w pour 800m/h, le vélo est beaucoup plus léger maintenant que j’ai mangé une bonne partie des réserves.

Retour sur la partie à double sens et là, je croise mon pote Yann que j’avais rattrapé au 75e km et plus revu depuis et ça fait vraiment plaisir de le voir.

J’arrive ensuite au cp3 et je sais enfin les dégâts de ma pause sur le classement: bah pas pire 18e

Je fais un ravito éclair, il y a 2 gars qui étaient là avant moi et qui prennent leurs temps. La bénévole qui s’occupe des repas est aux petits soins, tellement gentille. En passant, merci beaucoup à tous ces « Race angels » qui s’occupent et veillent sur nous sur la route.

Je repars pas longtemps après les deux gars et je les rattrape rapidement et je  prends le temps de me brosser les dents derrière eux avant d’attaquer pour aller chercher les suivants. Ils sont surpris de me voir arriver la brosse à dents dans la bouche :).

Je les passe, l’un d’eux prend ma roue et je discute un peu avec lui. Puis, sentant un vent de face, je me remets en position aéro et profite d’un faux-plat montant pour remettre un peu de puissance. Il ne tiendra pas longtemps.

Je suis maintenant 16e avec de bonnes jambes et ma femme, mon fils et mes potes me donnent des infos sur les autres concurrents grâce au tracker. La chasse commence.

J’ai de super jambes (en considérant les efforts précédents) et c’est avec une énergie renouvelée que j’attaque cette dernière journée.

J’ai pointé 1h30 après le 15e au cp3, est-il possible de revenir?

Ce dernier tronçon est assez facile et joue sur mes qualités avec quelques portions plates et des cols à faible pourcentage.

Je mets moins de 3h à le rattraper et la chasse continue. J’enchaîne les derniers cols comme si c’étaient les premiers et je passe 1-2-3 gars puis une paire et tout à coup je me retrouve 10e.

Mon fils Paul m’indique le 6e à 6km devant moi, j’attaque toutes les descentes, sur les routes Corse défoncées, ça secoue sévère, je vais même me classer dans le top10 Strava des 2 dernières.

Il reste une bosse et 50kms jusqu’à la ligne,je donne tout, bon sang elle est dure cette dernière bosse irrégulière avec de forts pourcentages… j’espère rattraper le 9e, mais non, pourtant les jambes sont revenues, 220w et 850m/h dans cette dernière bosse, mais que s’est-il passé le premier jour?

Paul me dit qu’il est juste devant moi, je ne le vois pas mais je pousse.

Je finis la course en donnant tout pour rattraper les cyclos que je vois au loin mais ils n’ont jamais de sacoche, je finirai 3min derrière lui (il avait pointé 3h avant moi au cp3)

Mais voilà je suis allé au bout de cette course en 56h pour 984km.

A l'arrivée Murielle et Sam sont là pour me recevoir avec Florence. Que c’est bon de les retrouver.

Je fini finalement 8e des solo et 10e au scratch. Pas si mal pour une première expérience sur la distance.

Et finalement après plus de 2.5kg de sucre ingéré, j'ai enfin le steak frites dont je rêve depuis des heures.

J’ai beaucoup appris sur la gestion d’une course d’Ultra-cyclisme, mais il y a des risques pour gagner que je ne suis pas prêt à prendre, par contre il y a encore pleins de vecteurs d’amélioration, alors vivement la prochaine.

Trace de ma course: https://strava.app.link/0ViVTD2f3Jb

Et on a bien fêté ça avec mon pote Yann qui a fini le lendemain.

Temps de course 56h00

Temps pédalé: 44h15

Moyenne roulé: 22.1 km/h

Temps de pause total: 11h45

Moyenne totale: 17.5 km/h

Ce qui a bien marché:

Nutrition:

  • Gourdes de gel toutes les 30’, fajitas ou demi fajitas quand j’ai faim, repas solide toutes les 10h (au cp)
  • Flasque 540g (300g cho) x4 = 2000g
  • Fajitas 150g (70g cho) x6 = 900g
  • Maurten (80g cho) x6 = 480g
  • 1 salade de pdt
  • 2x plat de pâtes
  • 2 tartes corses
  • 1 quiche lorraine
  • 1 tarte au chocolat

Dormir sans réveil 7h.

Ce qui a merdé

  • Pas de jambes au départ, rapidement à 210w au lieu des 230w prévu qui aurait du être facile.
  • Baisse de régime après 26 h,
  1. Pause trop longue beaucoup de réflexion après décision de stopper

Dernier segment 220km 9h 3350D+

Après un plat de pâtes au fromage,

1.5 gourdes de gel: 400g cho

1.5 fajitas: 100g cho

2 maurten: 160g cho

70g/h Cho