BRM 400 de Nyons 2022

BRM 400 de Nyons 2022

Dans la série des BRMs, je voudrais le 400, une distance que j’aime bien, ça commence à être un vrai challenge. Mais bon je commence à en avoir quelques un à mon actif donc je sais à quoi m’attendre.

Donc celui-là part de Nyons, un parcours peu montagneux mais avec quand-même pas mal de dénivelé, au programme, 400km donc et 5200m de dénivelé positif, qui nous emménera en Ardèche puis retour via le Gard et le Vaucluse.

Au programme le Mont Gerbier de Jonc et les gorges de l'Ardèche.

Sur le papier je peux le boucler en 16h, mais avec le vent annoncé je prévois 1h de rab. On verra bien. 4 semaines après le 300 en tandem et 4 semaines avant le 600, parfait.

M’enfin presque parfait. Une semaine avant c’était le grand Raout, le gros rassemblement de la boite dans laquelle je travaille, 3j dans un palace à Evian ou les conférences alternent avec le team building et les grosses soirées. Donc une hygiène de vie des plus pauvres, et je rentre avec un gros manque de sommeil, qui se traduit par un petit virus qui s’installe et qui me pourrit bien les nuits.

Je suis pas super rassuré par ma forme à la veille de la course, et mon dernier run se finit en urgence dans les toilettes publiques, un autre virus s’est installé.

Pendant la nuit avant le projet je serai obligé de déranger Murielle 2x pour sortir du van (s'extirper du lit de toit n’est pas simple quand on dépasse le mètre 80)

Tout ça me met le stress et donc en plus je n’en dors quasi pas de la nuit (et moi non plus 😘)

Je décide d’éteindre le réveil et de ne pas prendre le départ.

Je suis tout de même éveillé à 6h et dormant à 200m du départ, je passe voir l’orga pour les prévenir de mon non-départ.

Mais voilà après avoir déclaré forfait, je vois tous les cyclistes arriver et sur le moment je ne me sens pas si mal.

Le temps de revenir au van et j’ai réussi à me convaincre que faire ce 400 serait un bon test de fortitude mental (et gastrique) et que de toutes façons le manque de sommeil me permettra de me tester en condition d’ultra.

Et puis il y a pas mal de cyclos qui ont l’air bien affutés, donc plutôt que de partir tout seul comme un con, peut être que ce coup-là je vais la jouer un peu plus social et m’économiser dans le groupe.

Ma petite femme qui me supporte toujours m’encourage à y aller, et m’assure qu’elle sera là pour moi si je venais à flancher, et ça, je n’en doute pas une seconde.

Alors en speed je m’habille, remplis mes sacoches et 5’ avant le départ, je prends ma carte de route.


Et voilà je suis prêt pour le départ.

Le brevet s’appelle Pitchoune car il commémore un cycliste parti trop tôt d’un cancer. Le discours des orgas me met la larme à l’oeil, et je pense très fort à mon Vincent, qui lui aussi doit de temps en temps me regarder faire le guignol sur le vélo.

7h12 on s’élance. J’ai eu juste le temps d’appeler Murielle pour qu’elle me donne le gatosport en partant car je n’ai pas eu le temps de prendre de petit dej. Voilà le buffet roulant à commencé.

Bon c’était pas forcément une super idée, dès les premières bouchées avalées, mon ventre se rebelle, ça crampe. Aie, ça risque d’être compliqué.

Il fait grand beau mais déjà on a du vent, le Mistral est annoncé pour toute la journée avec un forcissement en fin d’après midi, début de soirée.

Malgré tout, les jambes sont bonnes et je me porte à l’avant du peloton, sur le plat je suis devant, et dans les bosses je me contente de suivre les costauds. Rapidement un des cyclos se distingue dans les montées, il est hyper facile, monte avec un braquet de malade et attend le groupe en haut de chaque bosse, c’est Claude, 63 ans (tu vois mon chéri, tu as de beaux jours devant toi!). Avec Gilles qui roule sur les mêmes allures que moi, on se demande si il va tenir 400km comme ça (spoiler: oui)

Mon ventre n’est pas au mieux, mais c’est gérable, je mange régulièrement de petites bouchées de fajitas, et sirote mon gerostar. Y a vraiment que le bide un peu en vrac qui me gêne, sinon les jambes répondent bien et je profite du moment. J’ai cette sale sensation que le moindre pet pourrait signer ma fin (et pas ta faim). Mais pour le moment tout reste contenu dans l’emballage …


La première petite difficulté est le col d’Alleyrac, Claude prend les devants suivi de 2 autres cyclos, je reste dans le groupe mais ils vont vraiment pas très fort. Alors je pars à mon rythme et me retrouve en chasse patate. Je commence à revenir sur les 3 premiers, mais je me rend compte que le rythme est peut-être un peu élevé vu mon état, donc je finis à ma main (je comprends pas cette phrase et si on la sort du contexte, c’est encore plus louche) en laissant filer

Dans la descente je rattrape Claude, et on fait de bon relais pour reprendre les 2 premiers, David et Lionel.

Le groupe fonctionne bien et on arrive au premier Contrôle à Montélimar 50km.

Petite pause boulangerie ou le 2e groupe nous rattrape, et l’on repart tous ensemble pour attaquer le col de Fontenelle. Celui-là est assez long.

Ce coup là je décide de rester dans les roues des premiers et si c’est trop intense je les laisserai partir. Rapidement Claude et David se détachent, et avec Lionel on les suit plus tranquillement.

Là je sens que ce n’est tout de même pas un grand jour, le cardio est assez haut pour les watts développés, mais bon ça monte.

On retrouve David et Claude qui nous attendent au point d’eau après le col. On repart à 4 jusqu’au contrôle suivant.

Là on fait une petite pause coca, et j’essaye de me ravitailler un peu plus, on va maintenant aller chercher le Gerbier de Jonc et je commence à avoir moins d'énergie, c’est que je mange beaucoup moins que prévu, et on est déjà à 4h de vélo.

Gilles nous rattrape au contrôle mais ne repart pas avec nous, il va faire une pause sandwich. On ne le reverra qu’à l’arrivée.

On grimpe tous ensemble jusqu’au Gerbier, toujours David et Claude devant dans les bosses, puis c’est une longue descente où j’emmène le groupe.

Paysage d'Ardèche magnifique, quel régal ce parcours.

On grimpe ensuite le Boutazon, et là je commence vraiment à peiner, plus beaucoup d’énergie après 8h de vélo.

Je me fais de plus en plus distancer dans les montées, mais reviens dans les descentes.

Je décide de laisser partir le trio et de faire une pause. Je me trouve un petit coin d’herbe au soleil, posé sur un rondin de bois, j’enlève les chaussures et étends mes jambes et essaye de manger une fajitas entière.

Je me suis laissé 10’ de pause, puis je remballe et repars. Et là tout d’un coup, ça va bien mieux, le mal au ventre à disparu, et les jambes reprennent du service comme au départ.

Les 2 petits cols qui s'ensuivent sont passés tranquillement, la machine se remet en route.

Après le col de Meyrand, une très longue descente nous emmène au contrôle suivant à Valgorge. Là, une auberge est censée nous accueillir pour un bon repas.

Je ne trouve pas d’auberge ouverte et décide de m’installer sur la terrasse d’un bar fermé pour me ravitailler. J’ai au final beaucoup de nourriture dans mes sacoches vu le peu que j’ai mangé sur ces premiers 200km.

Et là je retrouve David et Claude qui ont fait la pause ici aussi. On passe dans une supérette pour refaire le plein, et vu que j’arrive à manger maintenant, je prends 2 bananes et un coca, puis on repart à 3.

Lionel lui n’a pas fait de pause et est reparti seul.

Le profil est maintenant principalement descendant jusqu’aux gorges de l'Ardèche. On aura même un vent favorable dans le défilé de ruoms qui va faire gentiment remonter la moyenne.

Je reprends un rythme de ravitaillement correct avec une fajitas toutes les heures et les jambes tournent à nouveau correctement, sans aucun souci gastrique. Bonheur.

On arrive maintenant aux gorges de l'Ardèche et donc à la dernière grosse difficulté du jour, la montée des gorges par le col de Serre.

Je préviens mes compagnons que je les laisse grimper à leur rythme et qu’on se retrouvera en haut. Je me cale tranquille sur un rythme pépère et les laisse filer.

Mais, finalement, je reste à distance de Claude, peut être commence-t-il à peiner, mais en regardant le compteur, je vois que j’ai 20w de plus que ce matin pour un cardio assez bas. Je pousse un peu plus fort et rattrape Claude, et ça va bien. Je pousse un peu plus et me voilà à 280w, en train de revenir sur David. Et me voilà à plus de 900m/h après 11h d’effort. Je passe David qui n’en revient pas, il prend ma roue et on avale ce petit col de 3km à 960m/h de moyenne. Que c’est bon.

En haut on attend Claude, puis on enchaîne sur la 2e partie, même topo. Oh que c’est bon de retrouver de vraies jambes!

S’ensuit les toboggans des gorges, ça ondule, lègère montée, légère descente. Je sais que sur ce genre de profil on peut vite se griller en mettant de trop grosses cartouches pour effacer les bosses, donc je laisse filer David et le reprend à chaque descente. Claude reste dans ma roue et profite du tempo lissé pour ne pas se fatiguer.

A nouveau un profil descendant pour sortir des gorges, puis voilà les 100 derniers kms. Et le Mistral bien bien fort.

Sur le retour, on l’aura favorable sur une vingtaine de km le long du Rhône , puis ce sera l’horreur avec un ¾ face qui nous empêche de nous abriter les uns derrières les autres, à moins de faire un échelon qui prend toute la largeur de notre voie.

Bref on prend cher.

On fait une pause à Orange, on s’installe en terrasse d’un bar concert et on profite de la musique en sirotant un coca, puis on repart pour les 50 derniers kms toujours avec ce satané mistral.

Un vent fort, mais surtout en bourrasque.

Il est maintenant passé 22h. J’ai eu tout au long de la journée des petits signes de fatigue, mais ça va toujours. L’effort me tient éveillé, et maintenant l’effort est assez constant. Mes compagnons n’arrivent plus à s'alimenter. Claude a arrêté de prendre les relais depuis un moment quand David m’annonce qu’il n’a plus d’essence, il nous reste 40km et je vais devoir ramener tout le monde à Nyons. Mais ça va, j’arrive toujours à manger, j’avais emmener suffisamment de fiole de gerostar, mon mélange sirop d’agave, citron et sel que je dilue dans mes gourges, et qui m’apporte de l'énergie en continue. Par contre fini les fajitas, il m’en reste 2 mais je n’en veux plus, je tourne aux gels, mais j’arrive sur la fin.

C’est vraiment dur, dans la nuit, dans le vent, fatigué, je suis souvent en train de me dire que c’est une connerie ce vélo longue distance. Je m’imagine sur le 600 avec encore 200km à faire, 8h de velo en plus et j’y crois pas.

Mais je fais le bilan de la journée aussi, failli pas prendre le départ, le coup de mou, le coup de mieux, c’est ça le long, alors oui je fini pas ce 400 sur un “high” mais en fait y a pas de raison que dans 2h ca revienne pas. C’est que je ne suis pas vraiment fatigué, pas mal aux jambes, un peu mal au cul, j’arrive toujours à manger, c’est vraiment positif.

A 20km de l’arrivée, je demande un gel à mes compagnons, je sens que je suis limite et il reste de beaux efforts à faire contre ce vent. Heureusement il en reste un à David, zut un powerbar, pas de ceux que je digère le mieux, mais ça fera l’affaire.

Effectivement ça me tord un peu le ventre, mais l'énergie est là, et c’est à minuit 30 que l’on termine cette virée.

2e, mais à 1’ de Lionel qui en fait était juste devant nous, il aura été costaud à lutter seul contre le vent pendant 200km.

On est accueilli par les membres du club organisateur, qui nous ont préparé une petite collation.

Bon moi je sens que je suis arrivé au bon moment, c’est le bout de l’endurance pour mes intestins aussi, et une vidange s’impose.

La douche fait un bien fou, on échange ensuite sur cette belle journée, puis je pars retrouver Murielle qui m’attend tout près dans le van.

Bon voilà, un 400 de plus, vivement la prochaine étape, finir un 600!