BRM 600 de Manosque #DNF

BRM 600 de Manosque #DNF

Bon donc c’est reparti pour un 600, j’allais pas rester sur un échec, si?
J’ai reçu beaucoup de messages de soutien après l’échec de Grenoble, beaucoup d’encouragements. Ce qui m’a poussé à retenter le coup.
Au départ je devais passer quelques jours à Zermatt faire de la randonnée avec Murielle, mais c’est elle qui a proposé d’aller à Manosque à la place pour retenter un 600.
Alors go.
On a profité du weekend de l’ascension pour prendre notre temps, 4j au camping, balade à vélo autour de Manosque, et même un peu de natation à la base de loisir du coin.
La météo est au grand beau, on a bien profité.

Vendredi fin d’après midi, préparation du ravitaillement, je pars avec 14 fajitas. Ca va être un vrai festin ce 600.
6 fajitas beurre de cacahuète - confiture
3 fajitas St-Moret - lard fumé grillé
2 fajitas riz-poulet au curry
3 fajitas riz-omelette-lard fumé grillé
Une fiole de boisson isotonique maison pour remplir les gourdes.

Départ matinal pas trop frais, 10-12° mais 30° prévu dans la journée, ça va taper.
Je pars donc en court, cuissard et maillot Rapha revet, des manchons pour les bras, le gilet jaune.
Dans la sacoche j’ai un manche longue pour la nuit, et 2 coupe-vents avec et sans manches.

On se couche tôt, je m’endors vers 21h30, mais je me réveille plein de fois, j’arrive à me relaxer et refait 2 cycles complet avant de me lever 20 min avant le réveil, vers 3h du mat.

Je file faire la vidange, puis j’ai le temps de prendre un vrai petit dej. Oeuf, lard, thé, tartines.
Ensuite je m’habille et Murielle m’accompagne à vélo jusqu’au départ. Bon elle en chie un peu parce que c’est vallonné Manosque, alors en balade de jour ça va, mais à 4h du mat de nuit c’est moins drôle :)

On peine un peu à trouver le point de départ, mais un gars qui a dormi sur le parking devant nous indique l’endroit. Ce gars c’est Erwan, avec qui finalement, je vais rouler toute la journée.

Je retrouve Bertrand dans le Club House du Rugby de Manosque, Bertrand avec qui j’ai roulé le 200-300 et 400 sur Grenoble.

Bon on est 15 au départ. Ca fait bizarre. 5h arrive et on s’élance. Je prends rapidement la tête du petit groupe et suis fébrilement les indications de mon GPS pour sortir de Manosque.
Une fois sorti de l'agglomération, j’imprime le rythme, je me retourne pour m’assurer que j’ai pas perdu Bertrand, et vois que tout le groupe a pris ma roue, ahhh c’est cool.
Rapidement on se retrouve à 3 avec Bertrand et Loïc à prendre les relais. On tourne à un peu plus de 31 de moyenne, ça jase un peu derrière, les gars se demandent qui sont ces farfelus qui partent pour 600km à plus de 30 km/h. Mais bon ils sont tous bien contents de profiter de la vitesse de ce petit peloton. Certains étaient sur le 300 de Grenoble et savent qu’on est partis pour rouler comme ça un bout de temps, alors tant que c’est plat, ils profitent.
Avec Bertrand on a discuté un peu la veille du départ et on s’est entendus pour pas taper un rythme de fou, mais pas non plus s’endormir sur le vélo.
Donc 30-31 km/h sur le plat c’est correct, sur les autres brevets on tournait plutôt à 34 km/h dans ces conditions.

Le jour se lève et les paysages de Provence défilent, c’est bien joli

On passe Sisteron, souvenir d’être passé là avec Baptiste sur le 400 de la Drôme provençale, je lui envoie d’ailleurs un coucou par texto au passage.

Au bout d’une cinquantaine de kilomètres on décide de faire la pause pipi. Les organisateurs nous ont rattrapé en voiture. Ils en reviennent pas que le groupe soit déjà là. On repart et rapidement une bosse va décimer le peloton sous le rythme de Bertrand, c’est qu’il grimpe le gaillard. Ca me fait bien marrer parce que ma dernière séance d'affûtage c’était des séries de 6-10 min à 340w et il avait commenté:
tu t'arrangeras pour ne pas mettre trop souvent 340 watts samedi :D
Devinez combien de W j’ai du pousser pour le suivre 😂

En haut de la bosse on est plus que 5, le reste n’est pas très loin, mais il ne recolleront pas. Je profite des relais de Bertrand et Loïc pour faire un peu connaissance avec les autres, c’est sympa de rouler en groupe. Il y a Erwan, un breton qui vit à Gap, facile de savoir qu’il est breton, il a un cuissard écrit Bretagne en énorme dessus. Et une connaissance de Loïc dont je ne me souviens plus le prénom, et qui tire souvent la langue dans les roues :)

On prend un peu de vent de face, mais c’est assez léger, la météo est vraiment agréable jusque-là.

Par contre je commence à ressentir une légère gêne dans le genou droit, je comprends rapidement que c’est une inflammation d’un tendon pas loin de la rotule, on est à peine à 100km et si je ne trouve pas rapidement la source de cette gêne, ça va être très compliqué pour la suite. Je change régulièrement de position sur le vélo, merci les relais, et réfléchis à la source du problème.
Bon ça reste une simple gène et ça ne m’empêche aucunement de pédaler et d’avaler les bosses.
On finit par perdre Loïc et son collègue, il ne reste que Bertrand, Erwan et moi, Erwan fait son timide et n’ose pas prendre de relais car on appuie assez fort et il veut pas se cramer, il a bien raison. Moi j’ai vraiment pas l’impression de forcer et Bertrand non plus, donc pas de soucis, on lui dit qu’au moment venu on sera bien content de lui laisser prendre des relais et à la vitesse qui lui convient :)
On arrive au col de Cabre, le seul col du jour, déjà roulé pendant le 300 en mars. Bah vous allez pas le croire, mais on l’a avalé encore plus vite pendant ce 600.
Je m’étais promis de pas dépasser 280w, Bertrand avait annoncé “tranquille” et donc après 5’ à le suivre à 300w, je décide de lever le pied, je sais qu’il y a 20’ de grimpette, ça serait quand même une grosse entame sur mon capital énergie.
Erwan lui grimpe à son rythme, et on se retrouve tous les 3 au sommet, j’insulte gentiment Bertrand en rigolant, et on repart à 3.

A partir de maintenant on reprend les routes du 300 jusqu’à Chabeuil.

Bon la gêne au genou droit se fait de plus en plus sentir, et commence doucement à se transformer en douleur. J’appuie beaucoup moins fort et essaye de rester le plus souple possible, je raccourcis mes relais et fais tout pour me préserver.
Je commence à réaliser que c’est ma cale qui est mal réglée.
Il y a 3 semaines, j’ai changé les cales qui se clipsent sur les pédales. Elles étaient usées et avaient pris du jeu, ça faisait clank-clank lors du transfert d’appui. Après les avoir remontées , j’ai senti que j’étais un peu contraint sur la chaussure droite. 2-3 fois je me suis dit qu’il fallait que je re-règle cette cale, mais je ne l’ai jamais fait.
Lors du 600 de Grenoble, j’avais commencé à ressentir cette gêne, mais avec le dénivelé à avaler, les appuis changeant tout le temps, la gêne était passée.
Mais là après 150km avec principalement du faux plat montant et un petit col, les mouvements sont très répétitifs, et la contrainte sur la chaussure droite entraîne une crispation de mon quadri extérieur droit, celui là ne se relâche pas et garde donc le tendon en tension, qui doit frotter sur la rotule, et créer une inflammation.

Je décide d’avertir mes compagnons de route, on fait donc une pause pendant laquelle ils remplissent les bidons et moi rapidement je démonte puis remonte la cale.

Les gens qui m’ont suivi quelques kilomètres à vélo savent que j’ai ce mouvement bizarre de la cheville droite lors du coup de pédale: le talon part vers l'extérieur lorsque je remonte la pédale. Lorsque ce mouvement est contraint , que la chaussure reste droite, ma cuisse se crispe. J’utilise donc des pédales avec un grand angle de liberté permettant à mon pied de bouger. Mais même avec ces pédales, je suis obligé d’installer la cale avec un certain angle. Lors du changement de pédale, j’ai remonté la cale avec l’angle inverse. Genre au lieu de décaler à droite j’ai décalé à gauche. Donc le pied pouvait bouger, mais pas dans la zone de mouvement habituelle.

Après remontage de la cale, on repart et immédiatement la gêne disparaît, OUF. Je passe 2-3 bosses en force pour tester, et ça va vraiment bien. Bertrand me dit d’y aller mollo car si il y a inflammation ça risque de faire mal plus tard. Je lève donc le pied et reprend mon rythme pépère.
On sort du parcours du 300 et entrons dans la Drôme des collines. Un nom qui annonce la couleur. Enchaînement de petites bosses, mais aussi de grosses bosses. Les petites, ça s’efface en force. Par contre les grosses faut les gérer. Et a un moment je commence à en effacer une, et bizarrement je perds Erwan puis Bertrand, puis quelques hectomètres plus loin, au détour d’un virage, je vois le monstre que j’étais en train d’essayer d’effacer. Y a bien 2 km de grimpette à 4-5%, ok je lève le pied, Bertrand me dépasse et Erwan revient gentiment sur moi, je ferai plus attention pour les prochaines …

Bon ça fait déjà une paire d’heures qu’on roule, ça se passe plutôt bien, mais j’ai quand même bien réfléchi. Je n’ai plus envie de faire PBP, je me fais vraiment plaisir sur ce 600, mais c’est tout de même dur, il faut sans cesse puiser dans la motivation pour continuer, j’ai beau avoir les jambes, rouler à l’économie, il y a tout de même une grosse fatigue mentale. Je n’ai juste pas envie d’en faire plus. C’est décidé, je n’irai pas à Brest, et je commence à faire plein de plans sur comment utiliser ces jours de congés récupérés. Mais bon ça roule, il reste encore un paquet de kilomètres à faire aujourd’hui et même un bout de demain, alors je reste concentré sur l’effort, je suis vraiment content de rouler avec les 2 gaillards à mes côtés, ces gars-là sont sympas, des sacrés cyclistes, pas avares dans l’effort, c’est un plaisir de rouler en leur compagnie.

Il commence à faire vraiment très très chaud. En gros on s’arrête toutes les 1h30 pour faire le plein des gourdes. Bertrand est une véritable carte vivante des fontaines. Ca nous permet de bien nous ravitailler et surtout de nous rafraîchir.

Avant chacune des pauses, je sens la douleur revenir dans mon genou, mais après chaque pause elle a disparu. Ça semble sous contrôle, et le rythme de mes camarades baisse. Ça m’arrange. J’ai encore le plein d'énergie, malgré la chaleur j’ai réussi à bien me ravitailler, et le rythme que l’on soutient est largement dans mes moyens. J’aimerais bien prendre des relais plus longs, mais j’essaye de préserver au maximum ce tendon. Erwan prend maintenant sa place dans les relais et ça fait vraiment du bien de pouvoir relâcher la tension.

2ème contrôle, 280 km on s'arrête prendre une boisson fraîche dans un bar, puis on repart, maintenant c’est vraiment la fournaise. Heureusement ça ne fait plus que descendre jusqu’au Rhône, on file sans effort, toujours entre 30 et 31 km/h de moyenne.

Voilà le Rhône, on le traverse puis on vire à gauche et on le longe, maintenant on rentre.

A Privas on décide de faire une pause à l’Inter pour acheter du ravitaillement, moi j’ai pas besoin vu que j’ai tout emmené, mais je passe quand même acheter un Redbull, au cas ou la nuit serait plus compliquée que prévu.
On a acheté de l’eau pétillante et on allonge un peu la pause pour bien s’hydrater. On finit par repartir après 20’ je pense, et là c’est le drame. La douleur au genou est revenue. Chaque coup de pédale est un coup de poinçon dans le genou. On a prévu de faire une vraie pause repas à Le Teil, je me dis que je vais serrer les dents jusque-là et aviser. On roule encore 40 min comme ça, et c’est vraiment pénible. Bizarrement quand je prends mes relais ça fait moins mal, mais quand je me mets dans les roues, la douleur augmente. Et ça ne va pas en s’arrangeant.
J’avertis Bertrand et Erwan, on décide d’aviser à la pause.

Arrêt dans une petite pizzeria, j’examine mon genou, c’est sous la rotule, donc pas l’essuie-glace ou un gros tendon, mais la douleur est de moins en moins supportable.
Il reste 200km, et surtout on entre dans la nuit.
Ca tourne grave dans ma tête, j’ai vraiment envie de finir, même si je n’ai plus envie de faire PBP. 2 DNF de suite, ça va pas non?
Mais bon je vais pas me claquer un tendon quand/même, bordel 200k à frotter, ça va laisser des traces. Y’a Roth dans 5 semaines, je vais pas annuler ça. Il me reste quoi l’Evergreen en septembre?
Et puis quoi 2 mois sans vélo et sans courir, génial l’été.
Je fais un tour du parking de la gare, ça pique, sévère.
Non je vais pas prendre le risque, je bâche. Je préviens les copains, j’appelle Murielle et on décide d’un plan de rapatriement.
Bon j’ai pas pu trop discuter, le plan c’était “Bouges pas je viens te chercher” et j’ai pas eu grand chose à redire, même si y avait moyen de prendre un train …

Donc voilà l’aventure PBP s’arrête là. Je sais pas faire 600 km de vélo. Bon je l’ai déjà dit, mais malgré tout, je me suis régalé sur cette sortie. C’était beau, ça roulait bien, y avait de la bonne compagnie. Rouler sur le plat c’est pas si facile que ça, en prise tout le temps, la position qui change pas beaucoup, finalement taper 6000 de D+ c’était pas si mal y a 2 semaines.

Des BRM j’en referai, 200-300-400 c’est vraiment sympa, le 600 faudra que je retente, j’aime pas rester sur un échec, surtout que je l’avais bien dans les jambes et dans la tête.
Après rouler avec des costauds comme ça, ça m’a donné envie de retourner faire des courses de vélo, j’aimerais bien voir si j’arrive à rattraper Bertrand sur une fin d’AVM, une fois qu’il s’est usé les cannes à grimper comme un tordu ;)
Peut être aussi participer à un des formats courts de la Race Across France. Bref, j’ai pas fini de faire du vélo.

En attendant, je dorlotte ce genou, 2j après il n’y a pas de douleurs pendant le vélotaf, mais je sens encore la gêne. Donc repos, glaçage, massage et électro-stimulation afin d’être au top dans 5 semaines pour Roth, triathlon me revoilà!