Everesting la Baudichonne

Everesting la Baudichonne

Everesting: Gravir en une seule sortie l’équivalent du dénivelé de l’Everest (8848m). Ca peut se faire sur un parcours ou sur une bosse qu’on répète.

Ce défi je l’ai en tête depuis 5 ans, en 2017 j’avais fait 8 faucilles pour 5600D+ “pour voir” bon à 5 je voulais bâcher, heureusement les copains étaient venu m’accompagner pour les 3 dernieres (https://laboule.digitalpress.blog/8-faucilles/).

Bref plus que physiquement, c’est dur mentalement.

Un autre truc qui est dur mentalement dernièrement, c’est le confinement, pas voir les copains, pas faire de courses, se retrouver enfermé ou contraint tous les 3 mois. 2020 tout a été annulé, quelques défis perso comme traverser le lac de Thoune (avec ta meuf tout terrain en Paddle en support!), et un coup de bol pour faire la gravity avec Murielle, mais toutes les grandes courses ont été repoussées à 2021, et là bim, 2021, les courses sont à nouveau repoussées.

Donc moi depuis novembre dernier je m’entraine à vélo, je fais du home trainer, et après ma blessure de 2020 j’ai quasi retrouvé mon meilleur niveau. Par contre plus de course au programme, pour cause de crise sanitaire, elles ont été décalées sur la 2e partie de l’année. Alors go je décide d’une date, et ce weekend là je gravis l'Everest, peu importe la météo.

Et forcément après une ribambelle de beau weekend, c’est LE weekend ou il flotte, neige, grêle …

Le choix de la bosse:

Juste au-dessus de la maison il y a la route du col, un morceau de route forestière bitumé qui grimpe bien. Pas trop de circulation, mais pas mal de changement de pente, cette route je la connais par coeur, c’est mon terrain d'entraînement, dès que la neige a fondu, j’y fais 2-3 répétitions au moins une fois par semaine.

Mais le truc c’est que voilà, grimper 8848m c’est long, et moins la pente est raide, plus il faut parcourir de distance. La route du col c’est 4.7km à 8% donc pour gravir l’everest il faut 23 ascensions pour 206km. D’après les estimations du calculateurs d’everesting (sisi ça existe, avec un hall of fame et les détenteurs de record …) c’est 12h30 non stop. Au cours de mes sorties dominicales, je me prend à analyser les bosses avoisinantes.

Les copains qui ont déjà réussi le défi l’ont fait sur le col de la faucille et le Salève côté la Muraz, mais la pente à 6-7% de moyenne implique 280km pour gravir les 8848m, j’ai pas envie d’y passer autant de temps, la solution c’est de trouver plus raide, une pente à 9-10% me parait bien, sauf que des comme ça y en a pas 50.

La plus raide, la montée de Riamont au dessus de Vesancy https://www.strava.com/segments/7370650 13% là ça pique un peu fort, difficile de rester souple sur de tel pourcentage.

La barillette qui fait 8% en tout mais où il y a moyen de trouver une bonne portion autour de 9% https://www.strava.com/segments/12147343

Et enfin la Baudichonne, https://www.strava.com/segments/7915265 9.8% mais en s’arretant au replat, 10.7%

Ah oui là ça cause, 1h de gagner, forcément avec 40km de moins!

Je suis allé la reconnaître plusieurs fois, je suis passé en mode bourrin à 310w et en endurance à 230w et ça me parait le meilleur compromis.

Route interdite à la circulation, un très bon bitume, et une pente régulière.

Avec mon développement habituel 33x32 (plateau de 33 dents et pignon de 32 dents) ça passe facile, mais après 5-6 répétitions je ne suis pas si sûr. J’ai monté l’année dernière sur le vélo de Murielle une cassette avec un pignon de 36 dents, avec ça elle a grimpé le col de la madeleine et le col de la croix de fer, faut juste vérifier que ça passe avec mon dérailleur. (Je sais pas trop comment prendre cette histoire de dents et pignons qui semble dire que même moi j’y suis arrivée 😅)

Le choix dans la date. (Et pas...bon, ok je sors 😂)

J’ai pas envie de nous bloquer un des longs weekends du mois de mai, pas envie non plus d’attendre 2 mois avant de me lancer, je sens que la forme est en train de baisser après les gros bloc d’entrainement de l’hiver, donc c’est maintenant qu’il faut le faire, le premier weekend dispo c’est celui du 1er mai, donc voilà, ce sera ce weekend là et pas un autre, plus qu’à croiser les doigts pour que la météo soit bonne. Et voilà ce que donne les prévisions:

Ca craint!

Pendant toute la semaine je vérifie (je confirme, j’ai un point météo plus ou moins aux 12 minutes) , mais ça reste de ce genre, grosse pluie samedi, et froid dimanche avec averses éparses.

Bon on voulait faire le samedi, mais trempé ça va pas le faire, le froid je sais gérer. Donc ce sera le dimanche.

Alors j’aurai pas trop eu le temps d’y penser pendant les jours précédents, ni même de préparer le truc, tout juste le temps de faire les courses, parce qu'au boulot c’était tendu.

Je prépare le vélo le samedi soir, montage de la cassette 11x36, ça passe, réglage du dérailleur aux petits oignons sur l’établi, par contre je peux pas essayer, il tombe des trombes d’eau.

Je prépare 6 fajitas, 3 beurre de cacahuète confiture et 3 boursins viande des grisons. J’en ai 8 de rabe que Murielle me préparera à la demande.

Je fabrique 5L de gérostar (la recette d’alain roche) (on l’appelle comme ça car en gériatrie Murielle utilisait la même recette pour les vieux qui font la gym, isostar -> gerostar …)

La recette pour 5L: 2 gros citrons pressés, récupérer aussi un peu de chair de citron, 6 cuillères à soupe de sirop d’agave, 12 tours de moulin à sel, et de l’eau.

Plus de gel dans ma réserve donc j’achète des snickers, ça vaut largement des powerbars. Et je fais une fournée de cookie sport. Des cookies bien bourratifs et pleins d’énergie. (Des cookies elfiques!)

Ododo à 21h, réveil 4h.

Je me réveille à 3h45, super bien dormi, il ne pleut pas, le camion est chargé de la veille, on prend un bon petit dej et en route pour la Baudichonne.

Donc Murielle s’est proposée pour faire mon support toute la journée. Elle s’est prévu pas mal d’occupation pendant les 50-55’ d’attente entre chacun de mes passages.

Le plan c’est de poser le van au ⅔ de la bosse, un endroit que s'appelle le ptit bar, c’est un promontoir avec une table et des bancs et une vue magnifique sur le bassin lémanique et le Mont blanc.

Bon la vue est un peu voilé à 5h45, mais des éclaircies sont prévus et elle pourra profiter.

Chose étonnante, en montant la toute petite route forestière de la Baudichonne, on crois 2 jeunes en train de descendre en vélo. Puis on croise une voiture et 5-6 jeunes à pied.

Et en se garant on tombe à nouveau sur des jeunes qui nous demandent si on cherche la soirée… euhhhhh.

Ah bah en fait y a une rave party juste au dessus. J’ai un peu les boules, j’ai choisi cette bosse pour éviter la circulation, et là y a toute une bande de jeune complètement défoncés qui vont descendre la montagne.

Bref, tant pis, on prend la photo de départ, un bisous, et c’est parti.

Je commence par descendre, il fait frais mais je suis suffisamment couvert.

J’ai cuissard court et maillot court, mais jambières et manchons de bras, un coupe vent sans manche et un coupe vent avec manche. Bref l’habit super modulable.

Arrivé en bas j’ai tout de meme pas bien chaud, donc je n’enlève qu’un coupe vent et c’est parti.

1ère Baudichonne.

Il fait encore sombre, j’ai les lumières, j'appuie sur le bouton lap du GPS et c’est parti. Et là, pas de cardio affiché. J’ai pourtant bien la ceinture, mais elle n’emet pas de signal.

Alors mon plan est basé sur la puissance, mais c’est bon d’avoir un œil sur la cardio pour voir l’état du bonhomme.

J’active le cardio optique de la montre et l’affiche sur le gps, c’est moins précis, mais ça donne quand même une bonne indication.

Le départ est à 9% puis ça se cabre à 11% et même 13% dans la première épingle.

Je passe le pignon de 36 pour mouliner dès le début, et crack, je déraille, la chaîne passe entre la k7 et les rayons. Arghhh. (Pourtant le truc de 36 c’est le machin facile que même Murielle fait des trucs de fous avec!)

Je descends du vélo, remet la chaine et repars. Je reste sur le 32 dents, puis arrive l’épingle, je retente en poussant tout doucement sur la manette, ça passe et … crack, je déraille à nouveau.

Bon bah ce sera sur le 32 dents.

Pour la première,  je regarde beaucoup le cardio histoire de voir l’état de forme. En endurance fondamentale (entre 130 et 144bpm pour moi) je pousse 245w, signe que je suis bien reposé.

Mon plan c’était 235w, mais j’arrive pas à m’y restreindre, je pousse 245 vraiment facile, donc j’y reste. Bah oui pourquoi respecter un plan que je peaufine depuis des mois?

Je passe devant Murielle, lui dit pour le cardio et les déraillements, mais que ça va bien aller quand même, et je fini les 10 dernières minutes de montées.

44’ avec 2 pauses déraillement et un snickers avalé, ¼ de la gourde de jus.

Je zippe le coupe vent et c’est parti pour la descente.

8’30 de descente donc 53’ l’aller retour c’est un peu plus que les prévisions pour un peu plus de watts, mais la route est mouillée, et pleine de feuilles , qui d’ailleurs s’entassent contre les freins et génère du frottement, bon pas le choix c’est comme ça, donc la référence c’est 44’ de monté.

2e.

Pas eu trop froid dans la descente, j’ouvre le coupe vent et c’est reparti. 245w de moyenne et ce coup là j’essaye pas de passer le 36 dents, je monte tranquille en croisant les jeunes qui sont principalement à pied, et lorsqu’ils sont en voiture ils font bien attention. J’ai plein d'encouragements, finalement c’est pas si mal cette histoire de rave party.

Première pause pipi, ça va niveau hydratation pour le moment :D

Il fait un temps superbe, je me régale pour le moment.

Quand j’arrive au niveau de Murielle, elle est en discussion avec du monde, je lui demande une fajitas sucrée, et je change de gourde.

Arrivé en 43’ tout va bien. Je rezippe et je descends. (Je discutais pas, je sauvais une vie à coup de Dafalgan!)


3e.

Demi tour et c’est reparti, toujours sur le même rythme, le cardio ne bouge pas, donc je suis bien dans la cible, re-pause pipi, re-croisement des jeunes, qui hallucinent de me voir remonter, y en a une qui m’appelle cuisse d’acier (tu t’es bien gardé de m’en parler de ça, c’est qui cette meuf?)

J’enlève le coupe vent en montant.

Je mange un snickers en bas, puis quand je croise Murielle je prends une fajitas sucrée, je finis la boucle en 43’ à nouveau. Petite pause en haut pour renfiler le coupe vent et c’est parti pour la descente.


4e.

A nouveau j’enlève le k-way en roulant, c’est un peu le jeu d’équilibriste dans les 10-11% (j’aime pas quand tu fais ça!) mais j’y arrive, j’essaye d’optimiser au max pour perdre le moins de temps possible, on aimerait bien être rentrés avant le couvre-feu, et d’après les prévisions, si je dérive pas trop et pas trop de pause, je peux finir vers 18h.

1 fajitas salée.

Je reçois un message de Murielle, elle est avec le berger qui tient le refuge ou à lieu la rave, il lui indique qu’il a appelé la police pour faire évacuer, et que comme elle est posée sur une route où la circulation est interdite (ouais merci hein!), elle va prendre une amende. Alors fini de profiter du point de vue, il lui faut retourner au pied de la bosse.

J’attrape une fajitas salée au passage.

44’ la montée, les watts ont un peu baissé, le cardio un peu augmenté, et ça commence à piquer les ischios, mais bon rien de bien violent. Déjà 2600m de fait quand même.

Quand je redescend Murielle n’est plus là, et je la retrouve tout en bas.

Sauf que là le rituel est perturbé, j’oublie de prendre à manger et de changer de gourde.

5e.

Je me rend compte de mon erreur après avoir parcouru quelques centaines de mètres, je pourrais faire demi tour, c’est 5’ de perdu, mais j’ai un snickers en poche et il reste 5 gorgées dans la gourde, je me dis que ça va suffire, je me rattraperai après.

Que tu crois mon gars.

Là ça commence à devenir dur, j’ai les ischios qui tirent, les watts continuent de baisser malgré un cardio qui monte. Pas bon signe ça.

Bon je suis encore très bien, mais j’ai pas fait la moitié, et ça commence déjà à me demander des efforts pour continuer, ça promet.

Pendant la fin de la montée je réfléchi à ce que je peux faire pour améliorer ma situation, et un truc simple me vient à l’esprit, réglé ce dérailleur. Je retente un passage sur le 36, mais rebelotte ça déraille, ok c’est la vis de butée qui est trop lâche.

Et je décide de baisser la puissance cible autour de 230w.

Je descend et j’annonce à Murielle que je prends une petite pause mécanique.

J’accroche le vélo sur le haillon, un coup de tournevis sur la vis de butée, et hop ça déraille plus.

Et je repars avec une fajitas sucrée dans la main.

6e

Ahhh je peux enfin passer le 36 (le truc qui rend tout facile donc!), j’en profite, ça soulage vraiment les ischios, surtout dans les épingles. Je regarde la cadence c’est repassé au dessus de 70rpm, 75 même, le soucis, c’est que le cardio passe à 150, pour les mêmes 230w.

Bon ça soulage les ischios mais les lombaires commencent à trinquer, ouahhh ça pique dans le dos.

J’ai quelques doutes sur les watts car je boucle cette montée en 43’, pour 15w de moins, la température qui monte doit influencer le capteur. Je profite de la descente pour faire les 5 tours de pédale en inverse qui est censé faire un reset du capteur.

Arrivé en bas, j’annonce à Murielle que je ne prend rien car je fais la pause à la prochaine, et lui demande de préparer les nouilles pour dans 55’.

7e

Je me cale sur mon nouveau rythme: 230w et 75rpm, et ça passe plutôt bien, j’arrive à la moitié de l’effort du jour, déjà 6h de passé, ça va finalement être plus long que prévu. Je prends le temps de lire les messages des copains, ça fait du bien, Murielle donne des nouvelles par whatsapp et ils racontent des conneries, c’est bon pour le moral.

Arrivé en haut en 45’30 pour 230w, le reset a fonctionné, le capteur est à nouveau calibré correctement.

Par contre fini le beau temps, ça neige même, et pendant la descente je prends quelques grosses gouttes, heureusement en bas c’est la pause. Je me mets à l’abri sous le hayon du camion, avec une couverture.

Quand je suis en action je suis bien, mais dès que je me pose j’ai très très froid.

L’assiette de nouilles me fait un grand bien. Dur dur de se motiver à sortir de sous la couverture, mais c’est l’affaire de 2’ de se réchauffer dans la bosse.

J’ai prévu 15’ de pause, à 20’ je me force à bouger, et c’est reparti.

8e

Le gps est passé sous les 50% de batterie, ça va pas tenir toute la sortie, alors je le branche sur la batterie externe et je le mets dans la poche.

Celle-là je la fait aux sensations, tranquille après la pause.

47’ en haut, c’est pas pire. Par contre, je me sens bien fatigué, dure la reprise après la pause.

Bon il fait super froid à la descente, il est temps de me changer, cuissard, maillot, et j’emmène la veste de pluie épaisse pour la descente, j’ai trop froid maintenant.

9e

J’ai à nouveau le GPS sous les yeux, 100% de batterie, lui au moins il peut aller jusqu’au bout, moi je commence à douter, je suis dans le dur, je pars à 230w mais ça dérive, je fini la bosse à 215w de moyenne pour 46’. Bon c’est pas la catastrophe non plus, je dérive que de 2’ mais il en reste 5, ça va donner quoi à la fin?

Les jambes font beaucoup moins mal depuis que je peux repasser le 36 dents, par contre les lombaires je les sens en permanence, ça piiiiique!

Je prend le temps d’enfiler la veste, et c’est parti pour la descente, il fait super froid, mais la veste me permet de garder la chaleur sur le haut du corps, ca m’a fait chié de la monter, surtout qu’elle tient pas dans une poche, et que j’ai pas pris de sacoche, donc je l’ai noué autour de ma taille. Mais là maintenant à la descente, je suis super content de l’avoir avec moi, y a pas je la prend pour les autres montées.

10e

Il est temps de tenter un truc, je prends un gel coup de fouet en plus de ma fajitas. Et je prends aussi mon mal en patience, je suis en mode survie, parti à 220w, je me retrouve rapidement à 200w, plus grand chose dans le bonhomme, je pense que le plat de nouille m’a pas aidé, l’indice glycémique de ces pâtes chinoises toute prêtes est bien trop haut, je me tape le contre-coup. Mais je sais que c’est ça les efforts longs, y a des hauts et des bas, là je suis en bas, faut que j’ai confiance dans mon entraînement, dans le processus, si je m’hydrate bien et me nourrit bien, ça va repartir.

Bon c’est bof, le gel me file un peu la nausée, bouhhh que c’est compliqué.

49’ et 208w de moyenne. Aie Aie Aie.

11e

Bon j’ai eu trop chaud en montant la précédente, j’avais mis un mérinos manche longue en plus du maillot, ca joue pas. Je vire le maillot mérinos et je mets manche maillot longue plus maillot court léger d’été. Murielle est aux petits soins et me sors tout le matos dont j’ai besoin, maintenant elle s’assure que j’ai une gourde pleine sur le bidon avant chaque départ. Et c’est bien parce que je bois maintenant quasi un bidon par montée.

C’est reparti, bien dans le dur je pousse à peine 200w au pied de la bosse. Là il faut le mental, mais y a un message de Yann qui me remonte le moral. C’est pas 4 qu’il me reste à grimper mais 3.6 et ça, ça change tout. 3 complètes, et la dernière je suis pas obligé d’aller au bout, je m’arrête là où Murielle était garée ce matin, et c’est fini.

Allez en tout cas celle-là il faut la monter entière, et les 2 derrières aussi. Lâche rien mon Tom, Murielle compte sur toi, faut pas la décevoir. Alors je pédale, je m’accroche.

La moyenne passe sous les 200w, au ⅔ de la pente, je croise une voiture, je ralenti car la route est super étroite, puis je relance, et là le déclic, du jus, plus mal aux jambes, les lombaires bien moins douloureux.

Bon là j’ai une petite voix dans la tête qui me dit "Ralentis, pas besoin de forcer, tu vas aller au bout, tranquille” Mais moi je pousse, je veux pas me traîner pendant encore 3h, alors j’appuie et ça passe, 230w, la moyenne remonte, je fini cette 11e juste sous les 49’ à 208w de moyenne alors que j’étais sous les 200 à mi pente.

Bon ce coup là il grêle en haut, vraiment content d’avoir la veste, j’ai même un buff supplémentaire pour mettre par-dessus mon bandeau a la descente, histoire d’avoir bien chaud.

Allez j’y crois, plus que 2.6

12e

Encore une fajitas, échange de bidons , toujours du gérostar, j’ai tourné à ça toute la journée, je sens qu’il fait effet, c’est grâce à ce que je bois que je reprend du jus. J’ai bien payé le bidon raté du début, et le plat de nouilles, mais là c’est revenu. Je repars à 230w, ça baisse un peu ensuite, il est fatigué le bonhomme, mais c’est plus le mode survie de la 10e et 11e, je me sens beaucoup mieux, motivé, ça va passer.

213w et 48’ voilà, ça va dans le bon sens.

13e

Allez plus que 1.6 je m’octroie une pause, je réalise que j’ai pas touché à mes cookies depuis le départ, les snickers j’en ai marre, les fajitas aussi, mais là un bon thé chaud et un méga cookie sport, ca le fait bien. Je me pose dans la chaise, sous la couverture et je m’octroie 5’ de pause. Murielle m’encourage, ça va le faire, on tient le bon bout.

Je me cale à 230w à nouveau, ça fluctue, mais j’essaye de rester au dessus de 220 de moyenne.

47’ et 219w de moyenne, je suis content, de plus en plus en forme. Bon j’ai méchamment envie de dormir, mais je peux le faire et je serai pas à l’agonie dans la dernière.

Murielle me dit, tu vois t’as pas crevé, tout va bien. ARGGGHHHHH non ma chérie, ça faut le dire après, pas avant la dernière, parler de crevaison c’est tenter le diable. Maintenant j’ai trop peur de crever. (Tu as la pire petite amie du monde)

14e

Allez encore une pause cookie/thé de 5’ sous la couverture, avant d’attaquer la dernière.

C’est dur de sortir de la couverture, mais avec la pente de la Baudichonne, je me réchauffe super vite. Objectif 230w moyen, allez Tom pousse pousse.

Le gps est un peu généreux et m’affiche les 8848m un peu tôt, je fais quand même une pause pour prendre la photo, et je continue, je tiens les 230w, je passe l’endroit où je pourrais faire demi tour, j’hésite, et je continue, allez je vais faire les 14. Go Go Go.

Je me sens super bien pour finir, ça passe tout seul.

46’ 229w de moyenne, oh c’est beau ça.

Je prends une dernière photo, enfile la veste, le ciel est bleu, j’ai eu de la chance avec la météo, j’ai pris la neige, la grêle, la flotte, mais de toutes petites averses 10’ max.

Et je redescends . Bon j’ai super peur de crever alors je fais hyper gaffe.

La route est dégueu, pleine de crasses partout, depuis ce matin, j’attrape des petites brindilles en roulant pour décrasser mes étriers de freins qui s’engorgent de feuilles, ça frotte, ça fait du bruit et surtout ça bouffe des watts …

Et voilà je suis en bas, c’est fait, j’ai grimpé 14x la Baudichonne, 9300m D+ sur le GPS, 9100m en réalité.

J’embrasse Murielle, on est heureux, encore un défi à la con qu’on a réussi, ensemble. (Et c‘est pas le dernier!)

14h01 au total 12h30 rouler pour 11h30 prévu, bon vu les conditions c’était impossible de tenir le temps prévisionnel, la route était trop pourrie.


Ce qui a bien marché:

La support team. Murielle est restée toute la journée avec moi, a dû redescendre le van sur la route escarpée au risque de croiser la police, ça s’est joué à 7 minutes. Elle a tout fait pour moi, préparé la nourriture, les gourdes, les fringues, toujours aux petits soins, c’était top. Merci merci merci ma chérie.

La préparation, beaucoup de qualitatif sur le HT depuis octobre, en commençant par des blocs de 2x20’ en SST, puis à partir de janvier des trucs plus violents autour de PMA, un peu trop de trucs violents d’ailleurs car fin février j’étais claqué, j’ai mis 2 semaines à retrouver la forme et depuis le niveau stagne. Mais sur HT j’ai monté mon FTP de 290 à 315w. Mais je ne l’ai pas testé dehors, je l’estime avant le défi à 320w en côte.

J’ai aussi maintenu les sorties longues avec au moins une sortie de 6h type léman par mois. Moins sur la fin, mais des sorties longues de 4h toutes les semaines, et un “stage” à Thoune avec 4 sorties consécutives de 3-4h avec de grosses intensités.

Bref, la caisse était là.

Le plan d'exécution. J’avais quelques marques grâce aux 8 faucilles et mes stats sur l’evergreen et les BRMs, donc une bonne idée de ce que je peux tenir en bosse et sur du long. Bon là l’inconnu c’était le peu de récupération entre chaque bosse, seulement 9’.

La nutrition. Si je l’avais suivi correctement bien sûr . Une fajitas et un truc sucré type snickers ou cookie sport par montée, et un bidon de gerostar.

J’avais la concentration parfaite dans la boisson, c’est elle qui m’a redonné des ailes sur la fin quand je me suis mis à beaucoup boire.

Les fringues. J’avais emmené toute ma garde robe, et j’ai fait les bons choix, j’ai eu un peu froid dans la descente par moment, mais j’ai pu ajuster.

Entre 1 et 10° toute la journée avec plutôt 4-5° en majorité. Cuissard rapha, jambière, maillot rapha mérinos avec doublure coupe vent et manchon ont fait le job sur les ⅔ des montées, coupe vent sans manche et avec manche pour les descentes, puis veste de pluie decathlon assez épaisse à partir de la 8e.

Sous le casque, des bandeaux léger qu’on récupère sur les courses à pied et de ski de fond ces dernières années, plus un buff pour les descentes, parce que les bandeaux pleins de transpi ça donne froid.

Le tubeless. Pas de crevaison pendant la course, mais le lendemain au nettoyage du vélo, il y avait plus que 2kg de pression dans les pneus (pour 5.5 au départ) et du liquide préventif partout sur le cadre. Bref j’ai crevé des 2 pneus mais c’est passé inaperçu.

Ce qui était limite:

Le vélo, pas eu le temps de le bichonner avant, et le soir avant le défi la patte de dérailleur me lâche. Ça faisait 1 mois que je devais la changer … Heureusement ça tenait en la serrant bien avec l’attache rapide de la roue, mais en cas de crevaison ça aurait été la galère. Merci le montage tubeless.

La k7 11-36 monté au dernier moment, qui semblait bien réglé sur le pied d’atelier, mais en réalité sous tension ça déraillé. Et en plus la k7 était mal serré et j’avais du jeu dans les 3 premiers pignons, ça a un peu bouffé la roue libre. Heureusement je m’en suis pas beaucoup servi, surtout le 28-32-36 que j’ai usé pendant les 10h30 de montée .

Ce que j’ai foiré:

J’ai pas suivi le plan et j’ai écouté les sensations qui forcément étaient très bonnes au début. Je partais pour 235w et j’ai fait 245w pendant 4 répétitions. C’est pas beaucoup plus, mais ça a suffit à faire mal.

J’ai raté des bidons et des fajitas, j’aurai pu faire demi tour et perdre 5’ car je m’en suis rendu compte rapidement mais ne l’ai pas fait, au final c’est 2h30 de gros coup de mou à cause de ça.

Bon ça ne me coûte que 10’ sur le temps total ce coup de mou, mais j’étais pas loin de jeter l’éponge à la 10e.

La surprise:

Une rave party en haut de la Baudichonne. Croiser des teufeurs, à 5h du mat au milieu de la montagne c’était surréelle, mais ca a aussi permis de changer la routine et d’avoir des encouragements pendant la moitié de l’effort. Merci les jeunes.

Voilà, un projet en tête depuis quelques années et que je réalise assez facilement au final, c’est cool. Y a pas, la méthode d'entraînement que j’ai trouvé permet d’aller au bout de n’importe quel défi “d’ultra” endurance et de belles manières. PBP tu ne perds rien pour attendre.