MB Race 2021

MB Race 2021

Me suis inscrit à la course sur un coup de tête en fin d’hiver, celle-ci n’ayant pas été annulée et au vu des restrictions sanitaires de l’été dernier, me suis dit qu’une course mi-juillet ça pourrait le faire.

Et coup de bol, ça le fait, la course aura bien lieu, 1500 participants acceptés, faut juste le pass sanitaire, et ça tombe bien je suis vacciné double dose depuis plus de 2 semaines le jour de la course.

J’ai fait cet hiver une grosse préparation vélo, que j’ai exploité lors de l’Everesting, et depuis je maintiens le niveau. Je me sens assez fatigué et pas à mon meilleur niveau, mais ça reste assez bon, je pense bien mieux que lors de ma dernière tentative en 2017, ptet pas aussi costaud qu’en 2019.

De plus j’ai fait pas mal d’entrainement sur le VTT pendant le confinement, c’était plus fun d’être dans les montagnes dans un rayon de 10km que sur la route.

Bon le vélo commence à se faire vieux, pas loin de 9 ans, toujours bien entretenu, mais je m’offrirai bien un remplaçant. Difficile de me convaincre de lâcher 4k€ dans un vélo que je n’utilise que 1000-2000km par an …

Donc c’est sur mon bon vieux Grand Canyon que je tenterai l’aventure, et je me dis secrètement que si je vais au bout des 140km j’envisagerai peut être de remplacer la bête (ah bon? Moi qui croyais qu’on avait pas de secrets l’un pour l’autre...c’est moche…)

Ah oui c’est quoi la MB-Race? La course la plus dure au monde d’après les organisateurs. Un parcours de 140km avec 7000m D+ de VTT, en 3 boucles 70+30+40km et on peut s’arrêter et être classé à la fin de chaque boucle, donc sur 70, 100 ou 140km.

C’est ma 3e tentative, et jusque là je me suis toujours arrêté à 70km. La première fois, beaucoup de boue, j’ai cassé la chaîne 3x, j’ai fini à 5min de la barrière horaire la première boucle, j’ai arrêté.

La 2e fois sous des trombes d’eau encore beaucoup de boue, mais là 30’ avant la barrière horaire, j’ai quand même décidé d’arrêter, aucun plaisir dans les conditions très difficile, je suis d’ailleurs tombé malade pendant 5j après.

Donc oui elle est dure cette course, surtout quand les conditions climatiques ne sont pas au top.

Et là, grand beau prévu pour le jour de la course, mais ça fait 1 mois qu’il pleut des cordes, donc je sais que ça va être super boueux, encore une fois.

J’y suis préparé mentalement, je veux aller au bout des 140, donc je ferai tout pour y arriver.

Mon plan de course: tout en endurance, au cardio, pas plus de 140bpm.

Bon ça c’est la théorie, parce qu’en VTT, quand faut passer un raidar à 20% t’as pas vraiment le choix, faut taper dedans.

Bon et puis y a un autre facteur qui me retient, je suis à nouveau papa d’un petit Sam, né 3j avant la course (il était prévu 15j plus tard). J’ai pas envie d’abandonner Murielle et mon fils si tôt pour 36h. (surtout que c’est le plus beau bébé du monde et que tout le monde veut nous le piquer…)

Mais bon Murielle ne veut rien entendre, alors j’ai intérêt à finir ces 140km…

Donc me voilà à Megève, dodo dans le rbnb qu’on avait loué pour nous 2, mais seul. Réveil à 4h30 du mat, gatosport, j’accroche mes 2 sacoches avec 20 gels, 2 réserves de gerostar, 4 fajitas et 2 cookies. Je gare le van sur le parcours, pour pouvoir me ravitailler avant d’attaquer la 2e boucle, si jamais je me rends compte que j’aurai pas assez pour aller au bout.

On est séparé en 4 sas par le numéro de dossard, m’étant inscrit tard je suis dans le dernier sas, j’ai 900 gars devant moi.

Départ à 6h du mat, allez Tom tranquille tu fais pas le con. Mais bon y a 900 gars devant et je veux pas me retrouver bloqué alors sur la partie bitume, je me mets direct dans la zone cardio la plus haute que je me suis autorisé et je grille du monde.

On attaque ensuite le chemin, et là ça grimpe. Y a quelques mecs qui me dépassent à balle, mais généralement je grignote gentiment des places. Tient plus de pile dans le capteur de puissance, dommage j’aurai pas l’info, mais j’ai pas basé mon plan de course sur la puissance, donc rien de grave.

J’étais à 235w de moyenne pour 151bpm de moyenne au cardio, un peu trop haut, mais vu le terrain j’arrivais pas à rouler plus tranquille.

Quand je vois le plateau avant des gars autour de moi, et leur k7 arrière, je me dit que je suis undergeared, ils ont des 28x10-50 moi je suis en 32x11-46, alors ça va bien hein, mais je peux pas mouliner aussi souple que j’aimerais.

C’est pourtant mieux que le 30x11-42 que j’avais la dernière fois, mais je poussais 260w au même endroit. Et j’avais rapidement été entamé.

En haut de la première bosse, je me retrouve classé 131e, pour un départ tranquille, c’est quand même pas mal.

On attaque la descente, et là c’est le drame, elle est détrempée, pleine de boue, et au moindre passage technique on est à l'arrêt pour faire la queue. Les gars descendent du vélo et glissent sur les fesses …

J’avoue être descendu du vélo aussi dans certains passages, mais globalement je passe mieux que les gars autour de moi.

Par contre dans les montées je cherche pas à passer sur le vélo à tout prix. L'énergie dépensée pour passer en force est bien trop grande, sur cette course il faut s’économiser à tout prix.

Bon ça finit par se libérer et on roule.

Ca flippe pour les barrières horaires, je regarde le compteur et on est à plus de 11kmh de moyenne malgré les arrêts, la barrière est à 8.5kmh alors oui y a encore beaucoup de D+ à bouffer, mais on est pas dans le mal.

Etat des lieux après la descente, je suis entièrement crotté, le vélo aussi, la chaîne fait un bruit pas possible. Lors du passage d’un village je vois un gars avec un jet d’eau et j’en profite pour faire décrasser la chaine, je sors la burette d’huile et j’applique, ahhhh ca va bien mieux, c’est reparti.

Je m’applique à boire et manger régulièrement, j’arrive à garder le cardio autour de 150 en montée, c’est un peu haut mais je me sens bien.

On enchaine 2 petites montées et je suis maintenant dans les 100 premiers. J’y vais vraiment tranquille en visant le 140 au cardio, mais c’est pas facile à tenir.

Jusque là je ne me suis arrêté à aucun ravito, là je sais qu’on va bien grimper, donc je m’arrête à celui là et je fais le plein d’eau, je vide une demi burette de gerostar dans mes gourdes, et je mange 2 bananes. Voilà je suis calé, j’ai fait le plein, je suis bien pour les 3 prochaines heures.

Et ça grimpe, beaucoup de passages ou il faut pousser le vélo car pas d’accroche dans un terrain super gras.

Pour visualiser, vous avez déjà vu le béton qu’on coule sur les trottoirs? Bah voilà c’est ça. Un truc bien liquide, bien visqueux qui colle partout.

On commence à apercevoir les sommets, et la longue ligne de mecs en train de pousser leur VTT. Encore une fois, même si ça pourrait passer, je pose le pied à terre et je pousse le VTT, conservation d'énergie maximum.

J’arrive en haut, c’est magnifique, quelle vue. Je rechausse, appuye sur la pédale et clank, ça bouge pas, pédalier coincer.

Merde.

Je descends du vélo, je regarde, la chaîne a déraillé du plateau avant. Elle s’est coincée contre le cadre, j’arrive à la sortir, et là c’est le drame, il y a 3 maillons vrillés. Bon j’ai le matos pour réparer, mais 3 maillons ça fait beaucoup. Je démonte les endommagés, je remet l’attache rapide que j’avais en rabe, et je teste. Déjà la chaîne est pleine de boue qui a séché pendant que je poussais le vélo en montée. Après quelques tours de pédalier j’arrive à passer les vitesses, mais là c’est le drame, impossible de passer le 46 dents la chaîne est trop courte. Et sur le 42 c’est très très limite.

Bon je remonte sur le vélo et je me pose une grosse note mentale de plus monter toutes les vitesses.

6’ pour réparé, 15 places de perdues.

Et à la bosse suivante, très rapidement j’ai plus assez de rapport pour monter en vélo sans forcer comme un malade. Pied à terre, et je pousse.

J’arrive en haut d’un autre sommet, je regarde rapidement la topologie et je vois qu’il reste 1000m D+ à prendre, donc 1000m à pousser le vélo en gros, non j’ai pas envie.

Y’a une voiture de l’assistance course garée pas loin, je fais demi-tour et je vais les voir.

“Comment je rentre au plus court à Megève sans avoir besoin de monter?”

“Euh faut finir le parcours, c’est le plus court”

Bon bah c’est reparti, d’abord une descente bien rapide, je prends quelques gars, mais je suis loin du groupe avec lequel j’étais avant de casser. Et voilà la montée, en fait ça va, c’est 7-8% très roulant et ça passe bien avec les vitesses qu’il me reste.

Je passe devant les yourtes où on avait séjourné l’an dernier pendant les vacances, et on reprend le chemin qu’on avait parcouru avec l’âne.

Sauf que là c’est un champ de bataille boueux, et que je passe tous les coups de cul en force.

Bon je sais que c’est mort pour le 140km, donc je ne m’économise plus. Impossible de faire encore 3000D+ en poussant le vélo dès que ça dépasse 8%.

Tant pis.

Dernière descente sur Megève, des passages bien techniques, merci la tige de selle téléscopique, j’arrive à tout passer sur le vélo, malgré la boue.

La partie rapide qui me déchausse les dents, ah là j’aimerais bien un tout suspendu.

Et enfin l’arrivée à Megève. Je passe devant le van, je ne me ravitaille pas.

J’arrive à la séparation, soit je prend à gauche vers le 100km soit je m’arrête à 70km.

J’ai posé le pied à terre, j’envisage les possibilités, qu’est ce que je peux faire pour continuer?

A part un changement de chaîne, je ne vois rien à faire. J’ai pas de chaîne de rechange. C’est mort. Je prends à droite, je reverrai Murielle et Sam plus tôt. Tout va bien.

Je fini 88e du 70km en 6h30 (tous les classements cité précédement sont sur le 70km et ne tiennent pas compte des finishers 100 et 140km qui pouvait être devant moi.), 1h30 avant la barrière horaire, j’étais donc large, très large, y avait moyen, mais voilà le VTT c’est aussi de la mécanique, et j’avais pas emmené suffisamment de maillon de rechange. Leçon prise pour la prochaine fois, un jour je l’aurai ce finish 140!