Saintelyon 2021: Enfin !

Saintelyon 2021: Enfin !

Après un report en 2020 voilà enfin la mythique Saintélyon de retour . Ma dernière participation m’avait laissé un goût d’inachevé (tin nin nin…), superbe prépa complètement gâchée  par un affutage complètement raté. Cette année je ne me fais pas avoir, dans le dernier mois, pas de Léman, pas de course de prépa, entrainement, affûtage, déblocage et c’est tout (et un bébé de 4 mois…ça suffit à générer un peu de fatigue 😅)

Et j’ai réussi à m’y tenir. J’arrive à la Saintélyon frais, pas blessé, et avec un des plus gros volumes d'entraînement en cap réalisé depuis que je fais cette course.

Les chiffres depuis le 1er septembre: 600km 16000m D+

Ma référence c’est la Saintélyon 2018 de 81km ou je suis passé dans le top500, j’avais fait 460km pour 15000m D+

J’avais réalisé une belle première partie de course mais j’avais ramé pour finir.

Donc là le plan c’est de partir tranquille pour être encore en mesure de relancer dans les derniers 20km, et si tout va bien finir dans le top400.

Pour ça je me fis à mon cardio 135-140 bpm, ce sera ma cible pour les 2 premiers tronçons, ensuite j’aviserai.

Cette année pas de Massimo qui a malheureusement attrapé le Covid juste avant la course, mais une Murielle en mode marcheuse qui m’accompagne, oui à la marche parce que 4 mois après avoir accouché de notre super bébé, l’orga ne voulait pas reporter son dossard à 2022, alors elle a décidé de la faire quand-même, mais au meilleur de ses capacités du moment (cette femme! Quelle pugnacité!)

Donc c’est avec Murielle et Sam que je me rends à Lyon. On y retrouve ma maman, qui va s’occuper de Sam pendant que nous faisons les guignols dans la nuit.

15h: retrait des dossards, on retrouve mon vieux pote Gaël qui fait sa première Sainté, Nathalie ma collègue et Andrea le frère de Massimo. Ca fait une belle équipe dans le bus qui nous emmène à Saint Etienne (mais on n’entend que toi dans tout le bus…eh ouiiii le Thomas Verin a la voix qui porte…)

Pendant le trajet on peut voir la neige qui s’est posée sur les sommets des monts du Lyonnais. Et oui cette année on a le droit à une vraie Saintélyon , avec de la neige. C’est prévu de tomber non stop plus ou moins fort de minuit à 7h.

Arrivé à Saint-Etienne, on entre dans le parc des expositions entièrement refait, c’est grand, c’est beau. Maintenant on a 5h d’attente avant le départ, alors on s’installe confortablement.

J’interpelle Cricri qui passe pas loin de nous, lui aussi va faire la Sainté en mode marche. Ils en ont du courage les marcheurs, c’est 15h d’effort prévu!

Ensuite Hugo du club de triathlon nous rejoint, et ça papote, j’essaye de dormir mais rien n’y fait, quelle tension!

Tout le monde reconnait Gaël?

22h On commence à s’habiller, Murielle tire une dernière fois son lait avant de partir, il lui faudra faire un stop pendant la course pour recommencer.

Murielle et Gaël, les 2 extrèmes :)

Je choisis de partir en collant long, Tshirt mérinos manches courtes avec manchons pour les bras, et coupe-vent sans manches.

J’ai dans le sac un autre coupe-vent avec manches, un merinos manches longues et la goretex. J’emmène 16 gels qui seront ma principale source d'énergie, 2 flasques et 2 fioles de gerostar (sirop d’agave/citron pressé et sel) pour faire le plein de boisson iso.

J’ai la chance de partir dans le sas performance, donc pas besoin de me presser pour avoir une place à l’avant. Murielle et Gael sont partis 1h avant le départ pour ne pas se retrouver trop loin.

Je laisse les coureurs rapides se mettre à l’avant et reste bien au chaud au milieu du sas.

Il se met à neiger, ambiance de fou, c’est magnifique.

23h30 le départ est donné, c’est parti pour une nuit à courir sous la neige.

J’affiche mon cardio et regarde de temps en temps la puissance, avec l’excitation j’ai du mal à rester sous les 145. J’essaye de me calmer et laisse les autres coureurs me doubler, je me dis que je les reprendrai plus tard.

Voilà la première montée, dès que le cardio arrive à 150 je marche. Et dès que ça replate je relance.

Je me sens bien, aucune douleur, la foulée est légère, je suis facile. Allez Tom tranquille, ça va le faire. Je pense bien à prendre mon premier gel au bout de 40’ et je calcule quand je devrais prendre le suivant, le plan c’est au moins toutes les 40’, même si je n’ai pas besoin.

buée sur l'objectif, je ferai pas mieux cette année

Arrivé à St Christo en un peu moins de 2h, ça me paraît lent, mais c’est le but, je suis pas censé battre de record avant le 55e kil, arrêt rapide pour remplir les gourdes, je regarde ce qu’il y a sur les tables, rien ne me fait envie, je file.

17.7km 145bpm et 6’34/km de moyenne sur ce tronçon, je suis un poil haut, mais c’est pas les 150bpm de 2018.

Sur le tronçon qui m’emmène à Sainte Catherine il y a plus de montées, elles sont assez longues, je les marche toutes, en laissant le cardio grimper un peu plus. Je me sens super bien j’ai même tendance à aller un peu fort sur les portions plates ou en faux plat, faut que je fasse gaffe. Il neige fort, les gros flocons ont laissé place à un grésil qui pique le visage. Sur les crêtes j’enfile mon deuxième coupe vent et je suis bien niveau température.

Je joue au chat et à la souris avec plusieurs féminines, elles vont plus fort que moi sur le plat et les montées roulantes, mais je les reprends en descente et dans les montées raides.

Il y a pas mal de portions très glissantes, la neige s’est tassée et se transforme en glace, autour de moi ça tombe beaucoup (et derrière toi aussi! 😂)  je fais moi aussi une chute mais en butant sur une pierre, heureusement pas de bobo. Je fais pas mal de glissaded mais j’arrive toujours à garder l’équilibre, c’est tendu, mais ça passe et vite.

J’arrive toujours assez frais à Sainte Catherine en 1h45 par contre le cardio est monté un peu avec du 150bpm de moyenne, j’espère ne pas avoir trop puisé.

Je dois faire le plein complet des gourdes et verser une fiole, j’attrape une compote au passage car malgré des gels pris toutes les 30’ j’ai faim (le Thomas Verin a souvent faim aussi, c’est même à ça qu’on le reconnaît)

Aucun souci de digestion et l'expérience de l’Alpsman m’a fait réaliser que je n’ai aucun souci à tenir 15h sur les gels, mais que je n’ai pas le droit d’en manquer un, donc pour éviter l’hypo, je mange tout ce que je peux.

J’entend le speaker annoncer qu’on est dans les 500 premiers. J’espérais mieux, mais encore une fois c’est en adéquation avec mon départ tranquille.

Et c’est reparti pour le tronçon costaud avec la montée au signal, 13km avec 2 belles  montées et une grosse descente.

Toujours la même technique, dès que le cardio passe 150bpm je me mets à marcher. Dans les portions raides je commence à doubler pas mal de monde, c’est bon ça, ça motive.

D’ailleurs dans la montée au signal j’ai rattrapé toutes les féminines, et malgré une pause pour resserrer mes lacets en haut, elles ne me rattrapent pas. J’attaque la descente en essayant d’être le plus relâché possible, c’est là qu’en 2018 je m’étais pété les cuisses, là j’aimerai arriver en bas et être bien pour pouvoir profiter des portions plus roulantes qui arrivent.

Bon la descente commence facile alors que pour moi c’était un vrai chantier, mais rapidement les caillasses arrivent et le gros chantier est bien là.

Ouf me voilà en bas, entier, avec mes 2 chevilles et des quadris encore en état, ça va jouer? (Ou bien?)

J’arrive au petit ravito de Chaussan en 1h35 pour 147bpm bien, j’ai été plus raisonnable ou alors c’est la fatigue qui commence à me rattraper?

En tout cas j’ai toujours de l’énergie, je mange quasi toutes les 25min je me demande si je vais pas être juste en gel, au prochain ravito solide il faudra que je prenne des réserves (oui surtout que quand on est dans les 500 premiers, il y a encore du saucisson!!)

Donc maintenant il faut rejoindre le gros ravito de Soucieu en Jarret, en général c’est là que j’explose. Cette année ce tronçon est assez court, seulement 11km, bah non, comme d’hab les cuisses commencent à piquer. Ca me mine le moral, j’ai tout fait pour être bien, du volume, des descentes, de la PPG, gestion de début de course, et non, encore une fois, je suis défoncé. D’ailleurs ça commence à revenir derrière, et je me fait doubler, de plus en plus.

Rahhh je suis deg. Passé le 50e km je suis au bout du rouleau. J’ai envie d’abandonner, ou de m’arrêter et d’attendre Murielle pour finir avec elle en marchant. Bon sang il reste 28km, c’est 3h à souffrir, j’ai tellement envie de marcher, de m’arrêter, GRRRRR.

Et là bim, en buvant dans une descente, (c’est le drame…):  j’arrache la tétine d’une de mes flasques, qui se vide sur moi, je suis trempé et j’ai perdu la tétine. Je fait demi/tour mais elle est introuvable dans le noir.

Bon je sors la flasque et je bois tout, va falloir finir avec une seule flasque. Bon j’ai pas eu de soucis d’hydratation, 2 pipis depuis le début de la course (de quelle couleur? C’est la couleur qui compte mon chéri!)  je devrais pouvoir finir avec une seule, de toute façon pas le choix.

Bon ça m’oblige à remettre du rythme, avec le maillot mouillé si je ralentis je vais me les geler. Alors je relance, ça fait mal, mais pas le choix.

J’arrive à Soucieux, bon va falloir être malin, la dernière fois j’avais perdu un temps fou dans ce ravito, et en ressortant j’étais refroidi et j’ai eu hyper froid un bout de temps.

Donc d’abord remplissage de mon unique gourde, j’y ajoute mon gerostar, ensuite bouffer, le sucré j’en ai marre donc rondelle de saucisson (ahhhhh! Veinard!)

Maintenant me changer, je trouve de la place sur un banc mais je ne m’assois pas. Je sors mon mérinos manche longue de rechange et la gore tex, je range tout le reste dans le sac, change le bandeau pour un sec, voilà, je suis sec, je repars.

Bon j’ai plus que 2 couches, j’ai un peu froid, mais je sais que si je cours ça va vite aller mieux.

Ah oui stat du tronçon précédent: 11km 1h16 141bpm, oui ça baisse en intensité :(

Allez je cours, c’est maintenant le tronçon le plus court et le plus roulant du parcours, j’ai super mal aux jambes, mais faut avancer, c’est le moment d’aller puiser dans les pensées positives. Je pense à mes enfants, à mon Vincent qui est parti, à mon Sam qui vient d’arriver, et tout d’un coup je pense à Dan qui s’est mis à courir récemment, et qui a fait une course le weekend précédent. Il était pas très content de son résultat, et je lui ai demandé ce qu’il comptait faire pour faire mieux à la prochaine, il m’a répondu direct: “Me faire mal”

J’étais sur le cul. Oui sur sa course il a couru vite, plus vite qu’à tous ses entraînements, mais moins vite que ceux qui ont gagné, et à la fin de la course il s’est dit qu’il aurait pu partir plus vite, que ça aurait été plus dur sur la fin, mais qu’il aurait pu tenir. Et là ça a fait tilt dans ma tête. Oui ça fait mal d’aller vite, oui pour faire un temps faut taper dedans et se faire mal. Et je repense à mon pote Massimo qui minimise toujours ses exploits mais qui m’avait dit qu’en 2019 à partir du 40e km il avait déjà mal aux cannes, mais il a pas ralenti.

Moi je m’étais mis en tête qu’en m’entrainant bien j’allais aller plus vite, plus longtemps, qu’en gérant bien le début de course j’aurai pas mal aux jambes, mais non, ça se passe pas comme ça.

Une Saintélyon c’est pas une sortie longue, une sortie longue pour moi c’est 30 bornes, et effectivement j’ai pas mal aux jambes. Mais là j’ai passé les 55km, alors oui c’est normal d’avoir mal. Et si tu veux faire un temps, bah va falloir faire avec, continué à aller vite même si ça fait mal.

Donc je suis là dans la nuit, maintenant il pleut, m’en fous je suis au chaud dans ma goretex. J’ai juste mal aux jambes parce qu'elles sont fatiguées et je me dis:

“Est ce que je peux me faire plus mal que ça?”

Et je repense aussi à ce livre à la con “Never Wipe Your Ass with a Squirrel” dont un passage dit, quand t’as mal, accélère, ça va passer.

Alors j’accélère, et je rattrape du monde, et au lieu de leur prendre le pas, je double, ca fait mal, mais je ralenti pas.

Arrive une montée, devant moi ça passe à la marche, et moi je me dis “Est ce que je peux me faire encore plus mal? Est ce que je peux courir cette montée” et oui, je peux avoir un peu plus mal, et je peux courir cette montée.

Bon sang c’est dur, mais c’est bon aussi, fini la déprime, je suis en train de renverser ma Saintélyon, si j’arrive à me faire mal encore 2h je vais faire un bon temps, et surement un bon classement.

J’arrive à Chaponost en 1h pour 9km, l’arrivée est terrible car c’est un aller/retour sur 1km, donc en arrivant au ravito on croise ceux qui en reparte, et forcément tu te dis “et si je coupais?”

Mais non voyons ça se fait pas! et parce qu'il y a le tapis de chronométrage, et parce que j’ai plus d’eau dans mon unique gourde, bref faut se taper l’aller retour.

139bpm pour ce tronçon, peut mieux faire.

Remplissage de gourde, attrapage de bouffe et cassos rapido.

Et c’est reparti, mais bon sang il me semblait que l'arrivée au ravito était en montée, et me voilà en montée pour en repartir, y a un bug là! (Ah ! Je croyais que j’étais la seule 😅)

Je vois qu’il y a beaucoup de monde pas loin derrière moi, et ça court encore, faut pas que je m’endorme, y a beaucoup de place à perdre.

Mais qu’est ce que j’ai mal aux jambes, j’ai tellement envie de marcher. Mais non, je continue avec mon nouveau mantra: “Est ce que je peux me faire encore un peu plus mal” et la réponse est toujours oui, alors je relance.

Bon je commence aussi à avoir mal aux pieds, le petit doigt de pied gauche et le gros orteil droit. Ça sent les grosses ampoules, va y avoir du sang dans les chaussettes.

Ce sont les descentes qui me font le plus mal, mais heureusement il y a les montées, là il faut juste se battre contre la fatigue, se forcer à courir, et comme tout le monde ralentit ou marche dans les montées, si je tiens le rythme je bouffe des places. Et je tiens le rythme, ça demande de gros efforts mentaux, mais ça bouffe des places, et aller 2 par ci, 3 par là, au bout de 20 gars doublés j’arrête de compter, je sais que je suis très costaud sur ces derniers kils.

Bon sang ca fait du bien, ce finish ça fait 4 Saintélyon que j’en rêve, réussir à me dépasser jusqu’à la fin. Au 50e km j’y croyais pas, j’avais trop mal aux jambes, mais en respectant bien le plan bouffe, j’ai de l'énergie, et avec de l'énergie, on peut envoyer, faut juste dépasser la douleur.

Grosse descente de l’aqueduc, ca pique mais je m’en fou, y a un gars à doubler.

En face LA montée, c’est pas la dernière, mais c’est la grosse de la fin, elle est raide, sur le bitume, dure. Mais dans cette montée y a 12 mecs scotchés, je vais tous me les faire.

Bon impossible de courir, faut pas déconner non plus, mais en mode je marche comme un con en balançant les bras, je vais vite, plus vite que les 12 mecs que je laisse derrière moi.

Panneau des 5km, ça sent bon.

Je visualise les dernières difficultés, la montée après le parc de l’accrobranche, la montée du petit parc avant les marches, la longue rue en faux plat montant avant les marches, puis les marches, et tout ça, en courant, et forcément, encore plein de places gagnées!

Rahhhh c’est bon ça!

Me voilà sur les quais, il faut relancer, finir, plus que 2km, oh c’est long. Voilà la halle, l’entrée, la délivrance, je passe sous l’arche: 9h10

J’ai pas mon sub9, mais j’ai fait une belle course. Je me suis rentré dedans, j’ai fini fort, et cerise sur le gâteau, je fais mon meilleur classement: 384e/4600 (448e en 2018)

Dernier tronçon à 150bpm de moyenne, ça j’en suis fier ;)
Alors mieux qu'en 2018? Sur la première partie, je met 30' de plus pour atteindre les 50km, par contre je met 1h de moins pour parcourir les 30 derniers, pari gagnant, fallait partir facile et se faire mal, très mal sur le finish!

Et ma Murielle? Elle va finir 6h plus tard, avec des moments difficiles, parceque c’est long, très long à la marche, mais elle sera allée au bout, bravo ma chérie.