La douss'veyrier 2017: 15km en eau libre

La douss'veyrier 2017: 15km en eau libre

En début d’année j’avais vu passé sur facebook un post qui parlait d’une traversée du lac d’Annecy. Pas beaucoup de pub autour de l’évènement, et ça m’était sorti de la tête.
J’en avais à nouveau entendu parler lors de l’Alpsman, et pareil, zappé.

Puis 1 semaine avant les vacances, un autre post sur facebook à propos de la traversée du Leman, 12km. Je clique, ouch 330chf, et là je me souviens de cette traversée du lac d’Annecy et pour comparer les prix, je retrouve le site. 45€. Je répond donc au post précédent qu’on peut faire plus de kil pour moins cher à Annecy, puis je cogite, et je décide que j’ai envie de tenter le coup.

C’est pas cher, c’est pas loin, et c’est pendant que Sev et les enfants seront absent de la maison. Et hop me voilà inscrit.

Et ça tombe bien car on passe nos vacances au lac de clairveaux, et je peux donc me faire un entrainement nat longue distance assez correct, malgré une petite grippe et une gastro.
Sortie max de 9km, avec les bras qui piquent dès 3km. Ca passe en 2h40.
Je me fixe alors comme objectif de faire moins de 5h à Annecy, avec un plan de course qui peut m’amener au bout en 4h40 si tout va bien.

Dans les 2 semaines précédents la course, je refais des sorties dans le leman de 5 et 4km pour vérifier les allures et le ravitaillement. Pascal, triathlète du pays de Gex qui a vu mon post sur facebook s’est inscrit et ce joint à moi.

Et voilà, le jour J arrive. Réveil à 5h du mat, après une bonne nuit de 8h, petit dej gatosport maison et tartine avec du thé, et en route.
Sur le parking en attendant le bus, je retrouve mon pote Dom, des collègues à lui, puis pascal.
On prend le car jusqu’au départ, y a pas mal d’anglais qui ont fait le déplacement. Ils ont une grosse culture nage longue distance.

Sur place, je réalise qu’il y a déjà pas mal de clapot et un vent du nord, bien en face. Ouch, l’objectif A disparaît immédiatement de mon esprit.

Je me change (pas besoin de faire popo, j’y ai pensé sur une aire d’autoroute sur le trajet).
Je m’enduit de bodyglide sous les aisselles et autour du cou, là ou ça frotte, pour éviter les brulures. Ca marche vraiment bien ce truc.

Bon en théorie un des potes de Dom doit me mettre la misère, mais sinon je devrais être devant les autres. Bah on verra bien.

Je me met à l’eau, je remplie la combi d’eau puis ressort pour qu’elle se positionne correctement. Hou lala que l’eau est chaude. 24.5° à 8h du mat, heureusement le ciel est couvert, ça ne devrait pas chauffer plus.
On se regroupe, puis corne de brume et on s’élance.

Bon je ne cherche pas à me coller au groupe de tête, c’est sur ça va aller bien trop vite pour moi.
Je prend un rythme correct, puis au bout de 300m, quand je me fais dépasser, je me met dans les pieds.
500m la montre bip 8’06 soit 1’37/100m c’est un peur rapide, mais pas foufou non plus. Bien callé dans les pieds je fait peu d’effort.
Le groupe est mené par une nana et 4 mecs autour. Au bout d’1km je décide de prendre un relais, mais personne ne suit et me retrouve tout seul. Bon bah je me laisse ralentir puis reprend ma place bien au chaud derrière.
Au bout de 2km, on commence à prendre un bon clapot, et l’allure ralenti, on est passé au dessus des 9’/500.
Mon objectif c’est de rester sous les 10’ donc tout va bien, et je ne fait toujours pas de gros effort.

A 3km je me met sur le dos, sors de la manche de ma combi un des 4 gels que j’ai emmené avec moi, et le mange tout en battant des jambes. Je laisse l’emballage au kayak à côté de moi, puis fait l’effort de revenir sur le groupe qui m’a pris une dizaine de mètre. Aucun soucis pour revenir, et je me remet dans le rythme tranquillement.

A 4km, on atteint le bout du petit lac, et on amorce la traversée, et tout d’un coup, le groupe explose. Je suis toujours dans les pieds de la nana, mais les mecs derrière ne suivent plus. Dans ce sens on prend moins de clapot et j’ai une meilleure glisse. La montre bip, 8’10 ah ok, elle a mis le turbo. 500m suivant, 8’25 et là je réalise qu’elle doit être relayeuse et en train de produire son effort sur les derniers 1500m. Je la laisse donc partir et prend un rythme pépère jusqu’au premier ravito.

J’y goute la boisson énergie: trop concentré pour moi. Je croque quelques morceaux de barres de céréales au chocolat et indique aux gars qui sont arrivés que je repars. Eux restent, ils prennent leur temps pour bien se ravitailler. C’est donc seul que j’entame la portion suivante de 4km vers Menthon saint bernard, le long des falaises.

10’06 pour le 500m comprenant la pause, ça va, je n’ai pas trainé. J’ai un peu peur de mon rythme seul, mais l’endroit est protégé, et c’est avec soulagement que ma montre bip les 6km avec un 500 en 8’39.
Niquel, ça glisse bien, pas trop d’effort, faut que je continue comme ça.
Je vais faire 1500m comme ça en 26’ avant que les choses ne se compliquent.

A 7.5km je passe en 9’16, j’ai viré au bout du roc de Chère et je ne suis plus protégé. Je commence à devoir bosser.
8km en 10’04 ouch ça rame. Heureusement je me fais rattraper et je me glisse dans les pieds. Ca n’avance pas plus vite, mais je fais moins d’effort. Toujours au dessus des 10’/500
Mon poisson pilote oblique alors à droite vers Menthon St Bernard, alors qu’au loin, droit devant je vois le ravito suivant. J’essaye de l'interpeller, mais il ne m’entend pas. Tant pis pour lui.
C’est seul que j’arrive au 2e ravito avec une moyenne de 1’52/100m. Je suis toujours dans les clous, mais je sais que la fatigue va bientôt s’installer et me faire ralentir, surtout avec ce maudit clapot.
Ce coup là je coupe la boisson énergie avec de l’eau du lac, mange une banane et des morceaux de barres de céréales au chocolat. Mon poisson pilote de tout à l’heure arrive au moment ou je repars.

Bon c’est parti pour le gros morceaux, environ 6km restant, avec un passage devant la ligne d’arrivée avant un aller retour. Ca va être dur dans la tête ça.
D’ailleurs ça commence à être dur dans les bras.
Le clapot redouble, il y a en plus pas mal de bateau qui passe et crée de la houle. Heureusement je n’ai pas de soucis gastrique, ni le mal de mer. (Ce n’est pas le cas de mon pote Dom qui a du abandonner à mi course)
Par contre ça n’avance plus, 10’48, 10’42, 11’15, 11’48 aie je commence à bien entamé le capital temps que j’avais pris au départ.
La moyenne passe au dessus de 1’55/100m et il faut que je reste sous les 2’ pour finir en moins de 5h.
Mon poisson me rattrape, j’essaye de prendre les pieds, mais impossible. Même avec le draft, je n’arrive pas à suivre. Je réalise que je n’ai plus de glisse. J’essaye alors de me concentrer sur la technique, mais avec les épaules en plomb c’est vraiment difficile.
Je commence à avoir très mal aux muscles des épaules. Et ça descend le long des triceps.

Je lève la tête et ne vois rien devant moi: pas de kayak, pas de bateau avec fagnon indiquant le demi tour, pas de nageurs. Je me met sur le dos, et attrape un gel. Et là je vois mon poisson arrivé de derrière. Etonnant.
On discute un peu et il me dit qu’on est plus très loin du demi tour, c’est à la maison blanche là bas. Je regarde ma montre, 11km, bah si on est encore loin, ça va piquer sévère maintenant.
On repart, mais il reste dans mes jambes, il est cuit. Moi j’ai mal au bras, mais je suis pas cuit. Niveau cardio ça va très bien. Pas de fatigue, juste ça piquer fort les épaules.
Les 500m défilent lentement juste au dessus des 11’
Puis tout à coup un kayak, en fait j’ai pris tout droit vers la maison, et je me suis éloigné de la ligne de bouée qu’il faut suivre, car garante de notre protection. Entre les bouées et la côte, pas de bateau, de l’autre côté, danger, bateau.
Je corrige donc le tire, et pose quelques questions. J’apprend que l’arrivée c’est le gros bloc orange sur ma droite, mais que le demi tour est derrière la maison blanche.
Bon il reste 3km J’estime le demi tour à un peu moins de 2km. Allez il faut s’accrocher. Et je nage.

Ca y est, je vois le bateau du demi tour. J’ai toujours le poisson dans les pieds, mais ça fait le yoyo. Je mange mon dernier gel, et je me concentre à nouveau sur la glisse. 3km ça se fait en un tout petit plus d’1h à ce rythme, et je suis déjà à 3h02 de course, c’est foutu pour les 5h.
Mais bon je vais pas me relacher, et il faut vraiment que je me concentre sur la glisse.
Je baisse la tête, j’essaye de pousser loin derrière et d’aller chercher loin devant en ocillant. Je donne tout ce que je peux avec les jambes. J’ai beaucoup de mal à garder le rythme avec les jambes. Pourtant elles ne sont pas fatiguées du tout, c’est juste que si je n’y pense pas, ces flemmardes s’arrêtent.

Ah il approche ce bateau, je vois le skipper, il me fait signe de faire le tour du bateau. Je m’arrête 10s pour discuter, le poisson me rattrape, et on repart.
Et là ça va beaucoup mieux, on a plus le clapot dans la face, J’arrive vraiment à trouver de la glisse. La montre bip, 10’24, ahhh c’est beaucoup mieux. Il reste maintenant moins de 1000m pour finir. Ca fait tellement longtemps que j’ai mal aux bras que j’arrive à nouveau à pousser.
Je glisse, c’est bon ça. Je suis en train de larguer le poisson. Personne devant moi à rattraper, mais j’en ai marre, alors je donne tout ce que j’ai pour finir.
Je réalise que ces 5h sont passées très vite, y a qu’entre le 11e et le 13e kils que j’ai eu des pensées sombre, tout le reste c’est bien passé, concentré sur mon effort.
Bip: 9’25 et moyenne à 1’58, ça peut le faire si j’ai pas fait de rabe en distance.
Glisse, glisse.
Bip: 9’06 I’m on fire !!! glisse, glisse. Et là sur ma droite je vois des bras, un bonnet, oh un autre nageur.
Ouch il va bien. Allez j’ai du jus, j’ai mal mais c’est pas pire, je sprint les 60 derniers mètres et je touche le bateau juste avant l’autre, YES!

On annonce nos numéros, 210 pour moi et lui XX-A arf, un relais, c’était pas la peine de sprinter :)
M’en fou je l’ai eu quand même. Et bim 4h55, contrat rempli!
Reste plus qu’à nager les 25m qui nous sépare de la rive, passé en position horizontale n’est pas si dur que prévu.

Le ravito ne me fait pas du tout envie, que du sucré. Dans les moments sombres, j’essayais de visualiser la bière du finish, le burger d’après course, mais là, dans l’eau, avec de l’eau en permanence dans la bouche, pas envie, mais pas envie du tout.

Il faudra une bonne demi heure et une grosse fin pour que j’aille attrapé un cote de porc frite à la buvette de la plage ;)

Je retrouve Dom déjà changé sur la plage, il m’annonce son abandon, et m’indique je suis le premier de la clique à sortir de l’eau.

Je pars me changer, et 30’ plus tard c’est Pascal qui sort de l’eau, content d’être aller au bout.
Je récupère ma gourde et le tshirt de finisher, que je donnerai finalement à une nageuse qui a abandonné car j’allais le rendre, la qualité étant très moyenne, et n’étant pas un collectionneur, peu d’intérêt. La gourde en alu par contre, je la garde.

Et voilà j’ai fait une course longue distance en natation, c’est dur, faut du mental, mais ça se fait :)