Saintelyon 2019: le bain de boue

L’an dernier pendant la course, j’avais dit: plus jamais. En avril à l’ouverture des inscriptions j’étais un des premiers inscrits pour bénéficier du tarif préférentiel. Oui je suis incorrigible.

2 mois de préparation après la Gravity, avec une belle augmentation du volume, le tout axé sur l’endurance fondamentale et un peu de seuil. Je suis très content des résultats avec une nette augmentation de la vitesse en EF.

Bon à la fin j’ai un peu fait n’imp avec un weekend de tordu à 2 semaines de la course, combo tour du léman à vélo le samedi avec les cinglés et trail de 28km et 2000D+ au seuil le dimanche. Ca j’ai eu un peu de mal à m’en remettre. Les dernières sorties en cap ne sont pas terribles niveau sensations, mais je me dis qu’avec une semaine de récup avant la course ça devrait passer.

Grosse émulation pendant toute la semaine sur le groupe Whatsapp avec les copains qui participent, déception pour ceux qui sont tombés malade/blessé/empêchement juste avant la course. Et enfin le jour J.


Cette année on co-voiture avec Laurent, et Murielle participe à la SaintExpress 44km. On arrive tôt à Lyon pour que Murielle qui est toute seule sur la SE puisse se reposer à l'hôtel avant son car à 21h, car nous après avoir récupéré les dossards on est à 16h30 dans le bus.




C’est la première fois que je fais le trajet de jour et c’est impressionnant tous ces Monts entre Lyon et Saint Etienne.

On installe le campement dans la Halle B à St Etienne et c’est parti pour 4h d’attente.
On ira voir le Boss qui fait la LyonSaintelyon avant de commencer à se préparer.


Yann avec ces 30kms cumulé de préparation qui s'élance sur le 76

J’utilise le superbe cadeau de la Gravity pour me préparer, et le photographe du “Progrès” trouve ça suffisamment insolite pour me faire paraître dans le portfolio de la course. (J’étais en train de me beurrer les parties au body glide…)

Moi avec le buff que ma maman m'a offert

Le copain Philippe devait nous garder une place en première ligne, mais on ne le retrouve pas, on arrivera quand-même à se faufiler pour être pas trop mal placés au départ.

J’ai pourtant essayé de lâcher Massimo et Nathalie en faisant style je refais mes lacets, mais ils m’ont pas quitté les enfoirés, j’ai pas envie de partir avec eux pour pas partir trop vite. Bon finalement on est quand même ensemble au départ.


Pan c’est le départ, comme toujours ça part vite, mais en me fixant sur mon cardio, j’arrive à retenir les chevaux. Je n’affiche d’ailleurs que mon cardio sur ma montre.
Massimo s’envole immédiatement, seul Nathalie reste à côté, mais rapidement on est séparés, je la vois un peu devant moi mais je la laisse filer, il faut que je fasse ma course.
Au bout d’un moment je regarde ma vitesse et là je comprend pas, au bout d’1h je n’ai que 4km d’enregistrés, c’est mon capteur de foulées qui déconne, je le désactive, j’ai perdu 6km de trace …
Je continue à me réguler au cardio, 140 sur le plat, 150 dans les bosses, je me sens pas terrible, les jambes répondent pas aussi bien qu’elles devraient.

Au bout d’une heure la pluie commence à tomber, j’enfile ma Goretex qui était attachée autour de ma taille. Je suis parti avec un sac minimaliste de 5l qui contient juste ma couverture de survie, un T-shirt manche longue merinos, 6 gels, 1 fajitas PBJ et 2 gourdes de 250ml.
Je suis parti en collant 3/4 , T-shirt synthétique et manchon pour les bras. Y’a bien un moment sur les premières parties exposées où j’ai senti un peu le vent frais, mais comme il s’est mis à pleuvoir rapidement avec la veste j’étais bien.

Arrivé au premier ravito en 1h49. J’ai pas trop mal géré mon départ de course, la plus longue montée de la course est passée à 150 bpm de moyenne, c’est propre, bon niveau vitesse c’est pas terrible 7’44/km de moyenne, je m’attendais à mieux. D’après le site de la Saintélyon pour faire la course en 8h30 j’aurais du le boucler en 1h42, bon je suis pas si loin du compte surtout que ça me paraissait rapide, de toutes façons mon plan principal c’est tranquille jusqu’à Soucieu (53km) puis à fond sur la dernière partie (23km)
1’ d’arrêt et je repars.

Bon rapidement on commence à rencontrer les premiers champs de boue, et à la fin de la 2e longue bosse, j’ai les ischios et fessiers qui tirent déjà, bordel même pas 30 bornes, dans les descentes j’y vais mollo, je veux pas m’exploser les quadris comme l’an dernier, et dans les montées la plupart du temps je marche, de façon assez soutenue vu que je vais au même rythme que ceux qui courent, mais bordel je tape pas fort, et pourtant ça tire déjà.
Mais sur la fin du tronçon je commence à me sentir mieux, et je commence à doubler du monde, ça me remonte le moral.
Je reconnais la descente vers Sainte Catherine, et ça commence à être vraiment boueux, d’ailleurs le ravito extérieur est un vrai champ de bataille.
1h34 pour 1h30 prévu, c’est un poil long mais vu les conditions c’est pas si mal.
Je mange bien, rempli les gourdes et c’est reparti après 2’40 d’arrêt.

Petit morceau de 9.5km pour arriver à St Genou ca monte pas mal au début et je suis sur les traces de Murielle qui a pris le départ du 44km à Sainte Catherine. Je sais que maintenant je passe où elle est passée aussi. Ca commence par grimper, puis ensuite … bah c’est de la boue sur les chemins. Bordel que de boue, presque autant qu’en 2014. Et ca continue de rincer grave. Je suis détrempé, mais comme le rythme est bon (niveau cardio, parce qu'en vitesse je suis en peu en-dessous de ce que j'espérais) je n’ai pas froid.
Mais les jambes ca va plus du tout, pas de tonus, les chevilles me font déjà super mal à cause des appuis instables dans la boue. Niveau énergie je suis bien, mais les jambes elles sont moisies.
Je boucle le tronçon en 1h08 pour 1h04 prévu, 15’ dans les dents plus les pauses au ravito, et l’espoir d'accélérer en fin de course commence à disparaître, c’est pas l’énergie qui va me manquer, mais les jambes vont juste pas répondre :(
1’44 d’arrêt au ravito de St Genou juste de quoi remplir les gourdes et manger une banane et je repars.

Bon maintenant c’est 13km jusqu’à Soucieu et tout devient super douloureux, les chevilles, les pieds, les ischios et fessiers, même les genoux. Je décide de ralentir un peu pour me donner une chance de récupérer et relancer sur la fin de la course sur le bitume. D’ailleurs sur la fin de ce tronçon il y a quelques sections bitumées, je me rend compte que je tabasse la route à coup de talon, j’essaye de me redresser, de donner du rythme avec mes bras et de retrouver du rebond, mais bordel c’est dur.

J’arrive au ravito en 1h38 pour 1h27 prévu, le plan a pris un sérieux coup dans les dents, 30’ de retard maintenant, pause comprise.
Bon je suis trempé, et j’ai froid depuis quelques kilomètres car j’ai réduit l’intensité j’ai fait la première partie de la course à 146 bpm de moyenne et ce tronçon à 133bpm, bon vu que le plan de course est à la trappe, je décide de prendre mon temps et de me changer, j’ai un manche longue sec dans le sac, ça va me faire du bien.
J’entre dans le ravito et le premier truc que je vois c’est un énorme panneau avec les horaires des cars de rapatriement pour les abandons, j’en ai vraiment plein le cul de cette pluie et l’idée de rentrer en car me traverse l’esprit. J’ai raté le dernier de 10’ et le prochain est dans 50’. NON. Je veux pas attendre, je veux pas abandonner, il reste 23km, je peux le faire. Je me retourne pour trouver une place sur un banc pour me changer et je tombe sur Camilo, un pote triathlète qui s’est spécialisé dans le trail. Au vu de sa préparation je m’attendais pas à le trouver là, mais il a pris cher dans le froid et a passé pas mal de temps dans ce ravito de Soucieu pour se réchauffer. Je lui dis que je me change rapide et qu’on repart ensemble si ça lui dit. (14’ d’arrêt)
Je sors mon maillot, un buff sec qui me sert à me sécher et sécher l’intérieur de ma veste, je me rhabille, fais le plein des gourdes et on parti. Bon sang j’ai retrouvé du peps, sur le bitume j’ai à nouveau une foulée correcte, et d’ailleurs je perd le Camillo immédiatement. Zut dans ma précipitation j’ai oublié 2 choses: faire pipi, et manger. Je commence par m’arrêter faire pipi et Camilo me rattrape, on repart ensemble, et je le perd sur le replat suivant, j’ai la dalle. Peu après je le rattrape à nouveau, il s’est trop couvert et enlève une épaisseur. Je décide de continuer en marchant et en mangeant la fajitas que je n’ai pas encore touchée. Camilo me repasse et j’essaye de prendre le pas, mais j’ai pas assez de jus pour suivre son rythme. A nouveau les douleurs reviennent, et au milieu du tronçon je suis cassé. Et à nouveau des marres de boue, et il pleut toujours aussi fort. J’ai le moral à zéro, c’est très dur.

L’arrivé sur Chaponost est infernale, le chemin est gorgé d’eau, il y a des flaques hyper profondes qui m’arrive à mi-mollet, il y a bien longtemps que mes pieds sont détrempés, mais là ca commence à être très froid.
Je me dis que si Murielle est arrivée, elle pourrait prendre la voiture et venir me chercher ici. Mais non bordel, non, il faut que je continue.
1h30 pour 1h22 prévu, c’est pas si loin de l’objectif, mais au cumul ça commence à faire beaucoup. Cardio à 130 de moyenne sur la section, j’ai vraiment sombré. J’entre me réchauffer dans le gymnase/ravito.

Murielle est effectivement arrivée, j’en profite pour l’appeler, je fais un peu mon Caliméro, et elle m’encourage à continuer, je suis à nouveau détrempé et je sais que ça va être horrible de retourner dans le froid après la chaleur du ravito. Je prend bien mon temps pour me ravitailler, et juste avant de repartir je me laisse convaincre par une bénévole de prendre une soupe. Elle me fait du bien cette soupe. (11’ d’arrêt)

Je repars, et immédiatement je suis transis de froid, mais comme au ravito suivant, la pause m’a fait du bien, et j’ai un peu de force dans les jambes, alors je met du rythme, le cardio remonte au dessus de 140 et rapidement je me réchauffe, allez TOM, allez, tu vas aller au bout!
Je reprends enfin du monde, et oui, ca fait des heures que je me fais doubler, depuis St Genou.
Voilà la descente/remontée du viaduc, au moins mes quadris ne sont pas explosés, donc j’arrive à descendre, et dans la remontée j’ai un rythme correct.
Les 5 derniers kilomètres avaient été un calvaire l’an dernier, là j’ai mal mais j’arrive à relancer, et ça fait un monde de différence. J’ai indiqué à Murielle que j’étais tout proche, et comme prévu, malgré la pluie elle décide de venir courir le dernier kilomètre avec moi, comme l’an dernier, sauf que là elle a couru 44km avant.
Je la retrouve donc pour ce dernier kilomètre et là toute mon énergie s’évanouit, je ne veux qu’une chose c’est marcher, mais pour elle je résiste et je continue de courir (en fait elle aurait bien aimé qu’on marche lol)
Et enfin voilà la halle, et la ligne d’arrivé, avec mon pote Massimo qui vient me prendre en photo. (Ce monstre a fini 29e en 7h24)

9h33 pour un objectif à 8h30 …
526e/5679 partants (1216 abandons) pour un objectif dans les 300 premiers…

Bon sang quelle aventure encore, bon les conditions étaient terribles, mais c’est surtout ma déficience qui me fait le plus chier. J’ai jamais été aussi bien préparé pour cette course, avec un volume 50% plus élevé que les années précédentes, mais non ça l’a pas fait. J’ai trop poussé sur la fin en augmentant les intensités et le “petit” Léman de trop.
Bref j’étais pas frais, j’ai morflé. (l’année ou j’ai bien tourné, bizarrement, j’avais pas couru pendant 10j avant la course, fais que des demi vélotaffs sur cette période et 4j de repos complet 2 semaines avant)

Alors il y retournera ou pas? Franchement j’adore cette course, la prépa à l’automne, tous les copains qui y vont, l’ambiance en attendant le départ. Mais sur 5 départs, j’ai fait une bonne course qu’une fois. Et j’ai beau travailler comme un fou sur mes chevilles, elles tiennent pas le coup, surtout dans des conditions comme celles-là ou ça part dans tous les sens avec le terrain glissant. (5 séances de travail de proprioception par semaine)
Donc là non, j’ai pas envie d’y retourner, vraiment pas. Mais vous le savez comme moi, le sportif amateur est touché d’amnésie prononcée dès l’ouverture des inscriptions, alors à l’année prochaine?